dimanche 17 janvier 2010

Dictionnaire impromptu : Albert Camus

Albert Camus est né en 1913 à Mondovi, charmante petite bourgade de la côte orientale algérienne surnommé « le Petit Paris » sans que l’on sache exactement pourquoi : pointez-vous à Mondovi avec une carte de Paris et vous êtes paumés en dix minutes. Comme le racontait si bien Coluche, ils disent qu’ils veulent développer le tourisme mais ils se foutent de notre gueule, y’a pas une rue qui correspond.

L’année d’après, la 1ère guerre mondiale éclate et le jeune Albert Camus ne connaîtra jamais son père, négociant en vin d’Alger tué dès les premiers affrontements. Il est donc élevé par sa mère, à moitié sourde et qui ne sait ni lire ni écrire, ce qui est toujours mieux qu’un demi-gendarme, vous savez, ces gens qui ne savent ni lire. Très vite, Albert Camus obtient une bourse et part faire ses études à Alger, où il entame une carrière prometteuse de gardien de but, très vite écourtée par la tuberculose qui le frappe de plein fouet en 1930. Mis au repos forcé, Camus écrit son premier ouvrage, « L’Envers et l’Endroit », puis travaille pour Alger Républicain, le journal du Front Populaire interdit en 1940. Qu’importe. Albert divorce la même année de Simone Hié, épouse Francine Faure et se barre à Paris où il trouve un job de secrétaire de rédaction à Paris Soir. En 1942 sort « L’Etranger », énorme blockbuster de la littérature française dont on ne sous-estime que trop peu l’influence néfaste sur la civilisation moderne : sans l’Etranger, pas de Killing An Arab, sans Killing An Arab, pas de Cure, sans Cure, pas d’Indochine, et sans Indochine, on serait quand même bien plus peinards.

Nous sommes en 1944 et Albert Camus se lie d’amitié avec Jean-Paul Sartre tout en prenant la direction du journal clandestin Combat, où il est un des seuls intellectuels français à dénoncer l’utilisation de la bombe atomique en 1945 par les américains. Pacifiste convaincu et humaniste désespéré, il retourne à Alger en pleine guerre d’Algérie, en 1956, pour y lancer son fameux « Appel pour la trêve civil », s’attirant les foudres des indépendantistes qui le menacent de morts. Albert Camus est très touché par la défiance de ses compatriotes pieds-noirs et écrit cette même année La Chute, bouquin pessimiste au possible.

Sans avoir rien écrit d’autres trucs intéressants depuis l’Etranger, il reçoit en 1957 le prix Nobel de Littérature (c’était lui ou le filer à Franquin qui venait de pondre le personnage de Gaston Lagaffe). Trois ans plus tard, le 4 janvier 1960, il est victime d’un accident de voiture conduite à 180 km/heure par Michel Gallimard, le neveu de l’éditeur Gaston (Gallimard, pas Lagaffe, suivez un peu), décède sur le coup et est enterré dans un petit village du Lubéron où il avait acheté une propriété. 50 ans plus tard, Nicolas Ier, roi des cons (rappelez-vous, un con, ça ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît), propose de transférer les restes d’Albert Camus au Panthéon. Quand j’ai entendu ça, il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma mains sur le revolver. La gâchette a cédé, j'ai touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût.
Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.

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