Né en 1919 à Castellania, un petit village de la province d’Alessandria, Fausto Coppi est le 4e enfant d’une famille d’humbles paysans italiens comme on en voit que dans les films d’Antonioni, ces magnifiques fresques champêtres aux noms aussi évocateurs que « Ti Amo Dans la Grangeo » ou « Una Fourcha dans la Culotta ». Fausto n’est pas très cinéma, sont truc à lui, dès le plus jeune âge, c’est le vélo : à 14 ans, il quitte l’école et rentre en apprentissage comme livreur chez un charcutier, une bonne excuse pour sillonner la région dans tous les sens sur sa bicyclette en rêvant à des lendemains qui jante.
A 15 ans, il rencontre Biagio Cavanna, un masseur aveugle qui le prend sous son aile et lui fait prendre conscience de son potentiel en lui tripotant sans cesse la cage thoracique, qu’il avait surdéveloppée. Fausto Coppi n’est pas du genre à se braquet pour si peu, il suit les conseils du maître, gagne sa première course à 19 ans, passe professionnel à 20 et remporte le Giro dans la foulée, pour sa première participation. Nous sommes en 1939, et la guerre vorace pointe le bout de son nez sur la ligne de départ. Fausto Coppi aurait pu se faire réformer en raison de son statut privilégié, mais ce n’est pas une pédale : il s’engage dans l’armée italienne, est fait prisonnier par les anglais trois mois plus tard et attendra 1945 pour rentrer au pays.
La guerre est finie, le vélo reprend ses droits : sous les couleurs de l’équipe Bianchi, Fausto gagne en 10 ans a peu près tout ce qu’il est possible de gagner (le Giro à 5 reprises, deux Tours de France et un titre de champion du monde en 1953) et invente un style tout en souplesse qui le fait rapidement surnommer l’Albatros. Adepte d’innovations en tout genre, il expérimente de nouveaux moyens d’entraînements, s’intéresse à l’amélioration du matériel et à la diététique, inventant notamment au passage le fameux régime sans selle. Aïe.
Après 10 ans de courses où il surclasse sans cesse tous ses concurrents, Fausto Coppi est un pneu fatigué. Marqué par la disparition de son frère, mort dans une chute à l’arrivée du Tour du Piémont, Fausto n’y est plus vraiment. Il délaisse peu à peu les lacets du Tour de France pour aller gravir le col de l’utérus de sa maîtresse Giulia Occhini, dont il a un fils prénommé Faustino. Le scandale éclate, Fausto pense à arrêter le vélo mais accepte une dernière course caritative au Burkina Fasso. A son retour, à la Noël 1959, Fausto Coppi ne se sent pas très bien mais pense d’abord à une grippe. Les médecins ne comprendront que trop tard qu’il a choppé la malaria, et le grand cycliste italien s’éteint le 2 janvier 1960, doublé d’un boyau par la mort sur la ligne d’arrivée.
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