Jean-Paul Sartre
15 avril 1980
Né à Paris en 1905, Jean-Paul Sartre perd son géniteur en 1906. Elevé conjointement par une mère catholique et un grand-père protestant, le jeune homme se retrouve d’emblée au centre du conflit de connards, et en gardera toute sa vie un goût prononcé pour la contestation, les oppositions de style et le débat d’idées... face à des théories qui le dérangent, jamais cet écrivain combatif ne pourra se résoudre à s’en laver les mains, fussent-elles sales.
Elève au Lycée de la Rochelle, Jean-Paul Sartre entre à l’ENA en 1924, y rencontre Simone de Beauvoir en 1925, entre en Simone de Beauvoir en 1926 et passe l’agrégation de philosophie en 1929 pour tenter de comprendre les raisons qui l’ont poussé dans cette impasse. Après son service militaire, il devient professeur de philo au Havre, part à Berlin étudier Heidegger tout en lisant énormément de romanciers américains et de polars bon marché, puis revient au Havre en 1934 pour y écrire « La Transcendance de l'Ego » et « Esquisse d'une théorie des émotions », plus proche de l’existentialisme allemand que des Experts à Miami.
Jean-Paul Sartre teste alors la mescaline, sans doute pour oublier Simone, et écrit en 1936 le génial Melancholia, refusé par Gallimard avant d’être publié en 1938 sous un autre nom, « La Nausée », comme quoi, la mescaline ne suffit pas pour faire oublier qu’on a poutré par inadvertance une romancière frigide aussi sexy qu’une porte cochère. Sartre écrit d’ailleurs « Le Mur » un an après, puis tout un tas de pièces aussi cruciales que « Les Mouches » ou « Huis Clos », sans oublier ses romans « L’âge de raison » et « Le Sursis ».
Nous sommes en 1945, Jean-Paul Sartre quitte l’enseignement, fonde la revue « Les Temps Modernes » et rejoint le Parti Communiste avant de créer le Rassemblement Démocratique Révolutionnaire, avec lequel il se prend un gros gadin. Cela n’empêchera pas Jean-Paul Sartre d’être de tous les combats et de toutes les guerres, s’élevant contre celle d’Indochine puis contre celle d’Algérie, s’engueulant pour la forme avec Albert Camus en 1952, publiant en 1960 sa « Critique de la raison dialectique » après un voyage à Cuba riche en coups du cigare (ça le change de la Beauvoir) et refusant en 1964 un prix Nobel de Littérature dont il n’a pas grand chose à foutre, préférant publier « Les Mots » la même année.
Les années 70 pointent, Jean-Paul Sartre subit coup sur coup deux attaques qui le laissent en vie mais presque aveugle, et doit cesser tous ses travaux en cours. Atteint d’urémie, il s’éteint le 15 avril 1980 à Paris d’un oedeme pulmonaire... 50.000 personnes descendront dans la rue pour suivre le cortège funèbre et rendre un dernier hommage à un des écrivains français les plus célèbres de tout les temps, dont ce jeune homme qui manquera le lycée pour ça, mais produira ce mot d’excuse joliment rédigé : « Pardonnez mon absence, mais j’étais à la manif contre la mort de Sartre ».
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