Français, française, mademoiselle, monsieur, chers compatriotes, bande de veaux... laissez moi vous parler d’un sujet qui nous tient tous à coeur, enfin, à ceux qui en ont un, laissez moi vous parler de cette région verdoyante aux accueillants petits valons nappés d’un délicieux nuage de brume virevoltant dans les airs quand les premières brises de l’automne brise nos couilles de sa langueur monotone, laissez moi vous conter les charmes enfouis de ce délicieux pays aux milles secrets aussi bien camouflés que l’humanité dans l’oeil de Jean-Marie Le Pen, laissez moi vous parler de l’Alsace.
Si l’on en croit le Petit Robert, qui est allé en colo à Colmar quand il avait huit ans, c’est vous dire s’il est l’homme de la situation, l’Alsace est une région française viscéralement partagée entre le Haut-Rhin, en bas, et le Bas-Rhin, en haut (près des poumons). Du grand foutage de gueule géopolitique qui devrait déjà vous donner une idée des 1001 raisons pour lesquelles nous nous devons de détester les Alsaciens, incapables de reconnaître le bas du haut et leur gauche de leur droite, sauf en période électorale où ils n’ont visiblement aucun souci pour trouver la droite de la droite de la droite.
Les alsaciens parlent une langue étrange à base de grognements et de borogymes divers, qui selon les plus grands spécialistes de la question, s’apparente à un mélange ancestral de tradition et d’histoire, une langue avec deux origines bien distinctes, mi-allemande, mi-boche. Parler alsacien, c’est du travail de pro. La meilleure façon de parler l’alsacien, comme pour l’allemand, est de se mettre une patate chaude dans la bouche, bien que la tradition culinaire alsacienne soit moins marquée par les patates que par le porc, que l’on mange à quasiment tous les repas sauf le dimanche, où il est avantageusement remplacé par un casse-croûte léger et une sieste crapuleuse avec ce qui tombe sous la main de l’alsacien, même sa femme (qui peut en certaine occasion être un substitut convenable à la masturbation). Tout cela fit d’ailleurs dire un jour de grand vent au philosophe alsacien du XXIème siècle M.Pokora : « le dimanche, en Alsace, du sex, yes, du porc, no ».
Oui, M Pokora est alsacien. Parmi les Alsaciens les plus connus, on trouve notamment le mime Marceau, star du cinéma muet à qui il ne manquait que la parole, mais aussi M.Pokora, star du r’n’b français à qui il ne manque que de se taire.
On notera également la présence dans le panthéon alsacien d’Albert Dreyfus, qui, je le précise à l’intention des jeunes et des imbéciles, n’étaient pas le gardien de but du FC Strasbourg lors de la belle campagne européenne de 1972, mais ce colonel d’infanterie juif injustement accusé et condamné pour haute trahison, ce qui s’avéra en réalité un acte d’antisémitisme primaire brillamment dénoncé de la pointe de son stylo Bic (qui, ça vous surprendra peut-être, fut inventé par le baron Bic) et dans les pages du journal l’Aurore (qui, ça vous surprendra peut-être, fut créé par le baron Boréal) par le non moins brillant et illustre écrivain français Emile Zola (qui, ça vous surprendra sans doute moins, se faisait appeler « mon petit Gorgon » par sa femme). En souvenir de la femme d’Emile Zola, qui paraît-il en était une sacrément bonne, toute l’histoire fut appelée « l’Affaire Dreyfus », avec un grand A. Quelques jours à peine après que soit paru son article, Emile Zola échappa de peu à un attentat commandité par un groupuscule antisémite et perpétré par sa propre femme de ménage, qui tenta de l’éviscérer avec une poêle à frire alors qu’Emile l’aidait gentiment à plier des draps, et ce fut alors ce que l’on appela la beaucoup moins célèbre « Affaire à Repasser ». Heureusement pour Albert et pour nous tous, aujourd’hui en France, l’antisémitisme n’existe plus. Ou presque. Disons qu’il y a aujourd’hui en France beaucoup moins d’antisémites que de juifs aux doigts crochus planqués dans vos placards et n’attendant qu’un moment d’inattention pour égorger vos femmes et vos enfants.
Et ce ne sont là que quelques-uns des Alsaciens célèbres. Pour être complet sur la question, il faudra aussi citer Paul Rohmer (l’inventeur de la pédiatrie, pas le cinéaste le plus chiant de l’histoire du cinéma), Johann Heinrich Lambert (le physicien, pas l’acteur le plus inexpressif de l’histoire du cinéma) ou encore Jean-Marie Lehn (le prix Nobel de chimie, pas le mouton). On n’oubliera pas non plus de rappeler à votre bon souvenir le couple d’alsaciens le plus explosif de tous les temps, les volcanologues Maurice et Katia Kraft, disparus dans l’éruption du Mont Unzen en 1991. À leur mort, une fondation Kraft fut fondée afin d’aider de jeunes scientifiques de poursuivre leurs recherches, et ce notamment grâce à l’attribution d’une bourse d’étude, une belle enveloppe financière plus connue par les profanes sous le nom d’enveloppe Kraft.
Mais après tout ça, l’alsacien le plus connu reste sans doute Daniel Cohn Bendit, qui n’est même pas vraiment alsacien mais qui est roux, sent très fort la bière et a vraiment un nom à la con, ce qui dans le cadre scientifique très limité de cet ouvrage, devrait amplement nous suffire. Si vous n’êtes pas d’accord, vous pouvez toujours écrire (en allemand) au bureau de réclamation de Verswejtinger, 123 Route Principale, 67326 Verswetjinger, ouvert de 10h à 11h et de 14h à 15h tous les jours sauf lundi, mardi, jeudi, vendredi et le week-end. Les bureaux alsaciens ont en effet conservé quelques privilèges par rapport aux autres administrations françaises de la zone libre, qui eux sont encore obligés d’ouvrir de 14h à 15h30 l’après-midi. Vous pouvez toujours essayer, mais je doute que cela serve vraiment à quelque chose, comme je doute que cela puisse vraiment sauver en quelque manière que ce soit le pauvre Daniel Cohn Bendit qui a eu le malheur de s’inviter bien malgré lui dans ces pages. Pauvre Daniel. Pauvre Cohn.
Revenez, mademoiselle, je parlais tout seul.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire