Fils d'un riche marchand tapissier, Jean-Baptiste Poquelin nait le 15 janvier 1622 dans les faubourgs de Paris, et découvre très tôt sa véritable vocation : à l'âge de 4 ans, il tente une expérience avec une allumette et un tas de moquettes usagées entreposées au fond du jardin familial, et fait entièrement cramer le petit appenti en bois : c'est décidé, toute sa vie, il fera brûler les planches et monte coup sur coup deux pièces assez méconnues, "JB va au popo" en 1627 et "JB contre Oui-Oui" en 1629.
Le premier acte de la vie de Jean-Baptiste Poquelin n'est pas de tout repos : après la mort de sa mère dans la première scène, alors qu'il n'a que 10 ans, il est envoyé dans un collège jésuite pour petits bourges (plus connu aujourd'hui sous le nom de Lycée Louis-Le-Grand) et en gardera une aversion profonde pour le pédantisme des nouveaux riches. En 1640, alors qu'il s'apprête à reprendre la carrière de tapissier de son père, il rencontre la fameuse Madeleine Béjart, petite potiches aux airs angéliques et fille de comédiens. Il décide qu'elle ne fera pas tapisserie dans sa vie, l'épouse en 1643 et monte sa première troupe dans la foulée, tandis que son père lui coupe les vivres, ce qui est toujours moins pire que les testicules.
Le deuxième acte de la vie de Jean-Baptiste Poquelin, qui prend le nom de Molière à la suite d'une adorable déformation du petit surnom que lui donne régulièrement sa femme en public, demi-molle, n'est pas courronné de succès : ses premières pièces sont un désastre, la troupe fait faillite et il est emprisonné au Châtelet. Heureusement, dans la dernière scène, Molière rencontre coup sur coup le Prince de Conti et le frère de Louis XIV, qui le fait venir à la Cour pour y jouer les Précieuses Ridicules en 1658, énorme succès au box-office.
Ensuite, Molière déroule, L'Ecole des Femmes, Tartuffe (interdit pendant 5 ans sous la pression de l'Eglise) ou Le Misanthrope, tout en trouvant le temps d'épouser en 1662 la jeune Armande Béjart, de vingt ans sa cadette, et de tomber malade dans la foulée.
Avant de mourir dans son lit en 1673 d'une congestion pulmonaire entre deux représentations du Malade Imaginaire, Molière aura encore eu le courage d'écrire les pièces maitresses que sont Les Fourberies de Scapin, Les Femmes savantes, Le Bourgeois gentilhomme, Le Gendarme et les Extraterrestres, et bien sûr L'Avare, sombre histoire de riche marchand terrifié par la crainte de perdre les dix mille écus d'or enfermés dans son coffre et dont l'histoire se rappellera surtout la prestation héroïque d'Yves Montand, obligé de se coltiner les conneries hystériques de Louis De Funès pendant près de deux heures. "Il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger", nous dit Valère dans l'Acte III. "Pas de bras, pas de chocolat", lui répond Chantal Lauby 300 ans plus tard, et la boucle est bouclée.
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