Comme chacun le sait, le suicide vient du mot «suisse», le suisse, et du grec «ide», la honte. Quoique. Il valait mieux être suisse que juste juif en 1940, et il vaut mieux être suisse que juif et arabe en 2009, parce que là, pour la neutralité, il faudra repasser le mois prochain, nous sommes fermés aujourd’hui.
Le suicide a été inventé au 17ème siècle par le cycliste belge Jean De la Fontaine, qui se donna la mort après avoir déchaussé dans la montée de l’Alpes D’Huez : avant de s’empaler sur sa pédale (je vous en prie), il eut ces quelques mots fabuleux : «rien ne sert de mourir, il faut mourir à point». Jean de La Fontaine était un gentleman comme on en fait plus, il avait compris dès le départ que la meilleure preuve de savoir-vivre était encore de savoir mourir.
J’en parlais justement l’autre jour dans la file d’attente de la boulangerie avec mes compagnons de queue (je vous en prie), je ne sais pas pour vous, mais moi, je suis pour. D’une part, parce que je suis contre la mort naturelle : comme Desproges, je n’aurai pas le cancer. Je suis contre. Enfin, bon, comme disait l’autre, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant la charrue. D’autre part, parce que je n’ai pas peur du suicide. Pourquoi ? Premièrement, j’ai un scoop : la vie, on n’en sort pas vivant. Deuxièmement, quand je serais mort, je serais enfin un grand poète, et tout le monde connaîtra mes vers…Troisièmement, je n’ai plus peur de la mort depuis que j’ai appris que d’autres étaient passés par là avant moi. Et je dirais même plus, comme l’a dit Woody Allen avant moi, ce n’est pas vraiment que j’ai peur de mourir, c’est que je préférerais ne pas être là quand ça arrivera. En fait, le dernier obstacle, c’est que la mort est interdite par ma religion
Le suicide dans la religion, voilà un sujet intéressant : la religion chrétienne, dont la discipline est quasiment laxiste quant à la longueur de la soutane dont l’opportunité du port est laissé à chacun alors qu’il est interdit par l’islam (le porc, pas la soutane), la religion chrétienne disais-je, avant de me perdre entre deux virgules, mais si tu avances quand je recule, comment veux tu, comment veux tu que je virgule, la religion chrétienne est elle carrément hostile au suicide. On ne verra jamais un chrétien se suicider, sauf s’il est très malheureux et qu’il a envie de mourir. Car un chrétien qui se suicide perd sa place à la droite de Dieu. Ah oui, au Paradis, on est toujours assis à la droite de Dieu, c’est bien normal, c’est la place du mort. Mais il vaut mieux être assis à la droite de Dieu qu’à la gauche de Maïté, car Dieu, au moins, ne prend pas toute la place sur le banc. Bref. Pourquoi est-ce que cette théorie religieuse ne tient pas debout ? Parce que comme le disais si bien Gustave Parking, le suicide est avant tout de la légitime défense, puisqu’à la fin on finit par tuer son agresseur.
Les causes de suicide sont multiples ; la chute du Franc devant le Dollar, la chute du Dollar devant le franc, la chute de tes reins qui s’éloignent, la chute de mes poumons de fumeur, la compromission dans l’affaire des HLM de la ville de Paris, la compromission dans l’affaire des HLM de la ville de Bordeaux, les dettes, la faillite ; la défaite de Saint Etienne devant Sochaux, la défaite de Sochaux devant Saint Etienne, la visite de votre belle mère…. Mais qu’importe la cause, ce qui importe, c’est la manière dont on le fait. Attention à bien choisir son arme, on a beau être quelqu’un de facile à vivre, il nous est aussi difficile de mourir que n’importe qui. Ainsi, se trancher les veines avec une éponge mouillée ou sauter dans le vide depuis le rez-de-chaussée ne donnant que des résultats très moyens selon des récentes statistiques de la Police Nationale (toujours dans les bons coups), nous vous conseillons le suicide spécial Kurt Cobain : soit le suicide par pendaison avec les mains liés, trois balles dans le dos, la gorge tranchée et assez de calmants dans le sang pour assommer un éléphant d’Afrique. Les plus tordus peuvent toujours essayer le suicide « Gilbert Bécaud », son intégrale collector au casque jusqu’à l’arrêt total des fonctions vitales, mais pour le coup c’est vraiment vicieux.
En tout cas, je vous en supplie, ne vous manquez pas. Ca serait trop bête que vous finissiez comme un légume. Et puis, il faut réussir un suicide au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que pour éviter de mourir idiot.
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