dimanche 13 décembre 2009
La véritable histoire vraie de Noe Darwin (1)
La véritable histoire vraie de Noé Darwin
Ce n’était pas tant de voir le ciel éclairé d’un grand soleil, c’était plutôt le chant mélodieux des oiseaux dans la brume du matin qui lui manquait le plus. D’un geste sec, Noé Darwin referma l’obturateur du périscope secondaire et laissa filer entre ses mains le mince filin qui maintenait ouvert le volet du sas de sécurité.
Il regarda la pâle lumière du jour naissant disparaître avec un grincement sinistre qui n’avait lui rien de mélodieux, comme si la carcasse de plomb tout entière tenait à lui faire remarquer combien sa situation n’avait rien d’enviable. Et ce n’est pas les quelques reflets de ciel gris qu’il pouvait de temps à autre apercevoir en se tordant le cou qui allait le réconforter. Ca n’avait rien de réconfortant, tout juste quelques traînées de lumières blanchâtres qui provenaient sans doute de l’épave alanguie d’un vieil aéronef depuis longtemps tombé en lambeaux après s’être écrasé lamentablement sur le sol avec un de ces bruits mats qui avaient si longtemps hanté ces nuits et continuaient de lui donner des sueurs froides des années après. Il lui semblait parfois que les avions ne cessaient jamais de tomber, à chaque fois qu’il croyait entendre un de ces chocs sourds ou qu’il sentait vibrer de manière presque imperceptible les lourdes parois métalliques de son petit intérieur douillet. Mais il savait bien que c’était tout à fait impossible, les moteurs des derniers aéroplanes avaient cessé de fonctionner à la seconde même où c’était arrivé, à cet instant précis où toutes les machines du monde vivant avaient décidé d’un commun accord qu’il était temps pour elles de laisser l’homme se débrouiller seul, et qu’elles même non plus n’étaient pas de taille à lutter contre l’ennemi invisible qui frappait de toutes ses forces les moindres recoins de la Terre. Ces vibrations n’étaient que l’écho morbide de la grande catastrophe, les derniers soubresauts de vie d’une planète qui s’était embrasée d’un seul souffle et dont les entrailles vomissaient en maugréant les derniers espoirs de la race humaine. Elles étaient beaucoup trop régulières et trop faibles pour être autre chose que quelques-unes de ces secousses sismiques dont les prémices auraient du alerter la population bien des années auparavant, et dont lui-même, Noé Darwin, géologue et anthropologue hautement sous-estimé, n’avait su saisir la véritable portée alarmante. Lorsqu’il avait compris que quelque chose de terrible allait se produire, il était déjà presque trop tard pour que l’on prenne au sérieux les allégations désordonnées d’un vieux fou qui avait enterré une vieille carcasse de sous-marin soviétique dans son jardin et passait son temps à la tapisser de plomb comme une marmotte prépare son terrier avant l’hiver en le bourrant de fétus de paille.
(à suivre)
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