James Cleveland Owens est né en 1913 à Oakville, petite ville de l’Alabama où, l’on a beau dire, comme dans le monde entier, il y a beaucoup moins de racistes que de sales négros paresseux uniquement bons à pousser les balles de cotons. C’est d’ailleurs de ce que fait son père, lorsqu’il ne participe pas le dimanche à des courses à pied contre ses copains esclaves. C’est lui qui tout naturellement donne à James le virus de la course, avec celui du sida et d’une quinzaine d’autres maladies vénériennes qui ne touchent heureusement que les noirs, mais c’est une autre histoire.
Nous sommes en 1920, et la famille Owens déménage à Cleveland pour offrir un meilleur avenir à leurs enfants, ce qui est vraiment coton, pour le coup. C’est là que l’institutrice de James, qui ne le comprend pas quand il prononce ses initiales, décide de le renommer Jesse pour le bien de tous. C’est là aussi que Jesse Owens commence à courir pour la Junior High School de Bolton tout en travaillant comme livreur et comme manutentionnaire dans une usine de chaussures pour payer ses études. Il remporte ainsi 76 des 79 courses universitaires auxquelles il participe et égalise le record du monde de vitesse alors qu’il n’a que 17 ans. Naturellement sélectionné pour les championnats américains en 1935, il y bat tous les records malgré une chute dans l’escalier quelques jours avant, explose les records du 100 mètres, du 200 mètres, du 200 mètres haies et du saut en longueur en devenant le premier à franchir la barre des huit mètres.
Les Jeux Olympiques de 1936 se déroulent alors à Berlin, et Jesse Owens passe encore un cran dans la provocation en remportant quatre médailles d’or sous les yeux du chancelier Hitler qui refusera de venir le féliciter, sans doute vexé et sûrement un peu pressé d’aller jouer à gaze-mi gaze-moi avec Rosenthal et Cohen. Il est vrai que ce jour-là, Jesse Owen infligeait un sacré démenti aux thèses aryennes, même s’il venait dans le même temps renforcer la théorie mainte fois vérifiée qui veut que si les noirs courent plus vite, c’est à cause de leurs entraînements à s’enfuir quand la police arrive.
De retour aux Etats-Unis, Jesse Owens est accueilli comme un héros, mais un héros noir tout de même, donc toujours autant dépourvu de droits civiques. Il végète un peu, organise des spectacles dans lesquels il bat à la course des champions à qui il laisse un peu d’avance et même des chevaux, et finit par devenir disc jockey de jazz à Chicago. C’est là qu’il meurt et qu’il est enterré après s’être fait rattrapé le 31 mars 1980 par un cancer du poumon qui lui fait le coup du lièvre et de la tortue. Car c’est bien ça le problème avec le cancer : rien ne sert de courir, il faut mourir à point.
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