Monstre sacré du football français pour les uns, homme d'affaires véreux pour les autres, inconnu notoire pour la plupart des représentantes de la gente féminine (la jante féminine, elle, préfère le vélo, tout le monde le sait), Claude Bez voit le jour en 1940 dans cette belle région bordelaise aux pentes douces parsemées de ceps de vignes et des cadavres de juifs errants aux doigts crochus laissés dans son sillage par le préfet Papon, et ron et ron petit patapon.
C'est décidé, comme son illustre aîné, Claude Bez aura la culture des chiffres et de la rentabilité, je pose un train, je soustrait trois wagons, je multiplie par cent miliciens et le tour est joué. Il devient expert-comptable et dirigera jusqu'à la fin des années 80 un des plus gros cabinet de la région. Et puis, voilà la crise de la quarantaine qui pointe le bout de son nez malicieux, Claude vieillit, sa femme ne va pas tarder à être ménopausée, Claude ne bez plus tant que ça et se lance dans un nouveau challenge : redresser le club de football des Girondins de Bordeaux, qui en 1978 viennent d'échapper de justesse à la relégation.
Comment monter une grande équipe à Bordeaux? Claude Bez pose un et retient trois, embauche Aimé Jacquet comme entraîneur parce que ça ne coûte pas plus cher de bien manger tant que le pinard est de qualité, et fait signer toute une tripottée de joueurs en fin de contrat qui ne coûtent pas cher et rapporteront gros : sous l'impulsion d'Alain Giresse, son petit protégé, les Marines et Blancs se construisent un fabuleux palmarès ponctués de trois titres de champions de France et de deux demi-finales de coupe européenne.
Claude Bez est pour beaucoup dans cette suprématie girondine des années 80 : réputé dur en affaires et rugueux sur l'homme, c'est lui aussi qui va inventer le concept des droits télés payés désormais par les chaînes pour diffuser les images du championnant. Un tour de force dont sera toujours jaloux son grand rival de l'époque, Bernard Tapie, alors président de l'Olympique de Marseille, et qui marque le début d'un affrontement interminable entre les deux hommes, ponctués de coups d'éclats mémorables : tout le monde se souvient, en 1989, de Claude Bez rentrant dans le stade Vélodrome au volant d'une Cadillac blindée et immatriculée "33".
Au match retour, rebelotte : dans le vestiaires des arbitres de ce fameux Marseille-Bordeaux, Bernard tapine pendant que Claude Bez (sa femme). Ils l'auront, leur fameux combat de titans, ponctué par une dizaine d'agressions caractérisées du girondin Gernot Rohr sur le "traître" Giresse, passé à l'ennemi marseillais en début de saison. Les deux présidents s'invectivent par presse interposée après le match, Tapie accuse Bez de magouille avec le FISC, Bez accuse Tapie de tricherie et de tentatives de corruption, tout le monde se marre. Quelques années plus tard, Tapie tombait pour corruption après le fameux Valenciennes-OM, tandis que Claude Bez plongeait pour escroquerie et usage de faux dans l'affaire du Haillan. Match nul, la balle au centre. Mais Claude Bez n'aura pas le temps de mettre un second de but dans les arrêts de jeu : l'arbitre siffle la fin de la partie pour lui le 26 janvier 1999, arrêt cardiaque, quelques mois avant que les Girondins ne remportent leur premier titre de champion depuis 10 ans au dépens de... Marseille. Là-haut, dans le ciel, on en connait un qui rigole en lissant du doigt sa légendaire moustache. Et pendant qu'un ange passe, Claude Bez. Toujours.
dimanche 25 octobre 2009
La véritable histoire vraie d’Otis Marchepied (2)
... il ne se souvenait même plus des paroles en entier, voilà que la mémoire commençait à lui faire défaut, et en même temps, peu lui importait, ce gars devait sans doute faire partie de la charrette d’artistes et d’intellectuels de l’Ancienne Epoque qui avaient été purement et simplement éliminés du quotidien quelques temps après la Grande Transition), grinçant à peine des dents de temps en temps sans jamais avoir un mot plus haut que l’autre envers les dirigeants de cette extraordinaire machine qui lui avait fait immédiatement confiance et lui avait donné d’intenses responsabilités, alors pourtant qu’il n’avait pas vraiment d’expérience dans ce domaine où il excellait désormais au point qu’on l’avait décoré récemment pour récompenser son dévouement et sa rectitude, la propreté et l’exactitude de son travail, sans compter bien sûr sa bonne humeur légendaire qui rendait à chacun le travail tellement plus agréable alors qu’il les déchargeait en sifflotant du poids écrasant de leur labeur quotidienne, dont il endossait une grande partie avec d’autant plus de plaisir qu’il n’était pas sans savoir que la vie de bureau serait bien moins facile pour eux s’il n’était pas là pour monter et descendre sans arrêts ces dix-huit étages dont il lui semblait connaître par coeur chaque recoin, humant avec délectation l’odeur douce-amère du café que préparait les secrétaires au 17e, reniflant le parfum discret de la responsable des expéditions au 14e et le musc grossier des commerciaux du 10e, écoutant le silence pesant qui régnait chez les comptables du 5e, décelant au faible crépitement des machines et au bruit sourd des moteurs qu’il n’était plus loin des zones de test et de productions du sous-sol, là où s’exprimait tout le véritable génie créatif de la compagnie et son endroit préféré à la fois, un lieu plein de magie à ses yeux, où il aurait aimé pouvoir flâner un peu plus à l’occasion s’il n’était pas sans cesse rappelé dans les étages supérieurs pour une course plus urgente, même s’il ne voyait pas très bien ce qu’il pouvait y avoir de plus important que de voir se matérialiser en direct la folie destructrice des Hommes, toujours plus prompts à se dépasser lorsqu’il s’agissait d’inventer de nouvelles matières d’anéantir son prochain... c’était fascinant, ça le fascinait, peut-être justement parce qu’il se sentait lui-même incapable d’éprouver de tels sentiments, ni d’ailleurs être véritablement touché par le sort des victimes, pour qui il aurait pu éventuellement ressentir un brin de compassion mais n’arriverait jamais vraiment à éprouver de la pitié, ne serait-ce que parce que c’était justement ce genre de sentiments qui le dégouttait totalement, il ne comprenait pas comment l’on pouvait s’embarrasser de toutes ces émotions et de toutes ces sensations désagréables qui picotaient le nez des gens et empoisonnaient leur existence, à se rouler par terre ou à mettre des coups de poing dans les murs parce que Josiane de la communication couchait visiblement depuis plusieurs semaines avec le chef de la sécurité, qui n’avait d’ailleurs été promu à ce poste que parce qu’il était le cousin par alliance du sous-directeur financier, qui lui même avait détourné plusieurs millions avec la bénédiction de son supérieur direct qui aurait empoché une belle commission au passage, mais ça, rien ne le prouvait, ils étaient bien peu nombreux ceux qui pouvaient se targuer d’être absolument sûr de ce qu’ils avançaient à ce sujet, et il n’y avait guère qu’Otis qui soit véritablement au courant d’absolument tout ce qui se passait au sein de la compagnie, des petits secrets et des énormes trahisons, des désaccords et des alliances qui ne cessaient de se nouer juste devant ses yeux sans que l’on ne cherche vraiment à les lui dissimuler, comme s’il était totalement transparents aux yeux de tous, comme s’il n’avait pas assez d’importance pour les mettre en danger en révélant toutes les conversations à mi-voix qu’il surprenait sans le vouloir, comme s’il ne méritait pas mieux que le dédain habituel avec lequel le traitaient tous ces cloportes malsains dont il ne supportait décidément plus le babillage incessant ni les petits travers et autres manies dégoûtantes dont il était chaque jour le témoin involontaire et impuissant, les laissant malgré lui se curer le nez à quelques centimètres de son visage ou plonger sans gène la main dans leur pantalon en sa présence, totalement insensible au dégoût qu’ils lui inspiraient de plus en plus et aux efforts de plus en plus conséquents qu’il devait faire pour ne pas se laisser aller à tuer une poignée d’humanoïdes en les projetant dans le vide depuis une hauteur suffisante pour qu’il ne reste d’eux qu’une bouillie d’os et d’intestins répandus sur le sol de la cage d’ascenseur.
Les portes se refermèrent avec une petite sonnerie au timbre écoeurant. Alors que son câble se raidissait au-dessus de sa tête et que sa lourde carcasse d’acier entama sa remontée dans les airs, Otis Marchepied laissa échapper un long soupir. Un jour, ils les tuerait tous. Parole d’ascenseur.
Les portes se refermèrent avec une petite sonnerie au timbre écoeurant. Alors que son câble se raidissait au-dessus de sa tête et que sa lourde carcasse d’acier entama sa remontée dans les airs, Otis Marchepied laissa échapper un long soupir. Un jour, ils les tuerait tous. Parole d’ascenseur.
dimanche 18 octobre 2009
Dictionnaire impromptu : Michel Petrucciani
Né en 1962 à Orange, charmante cité du sud où il ne fait pas bon être noir, juif, homosexuel ou nain (et encore moins les quatre à la fois), Michel Petrucciani aurait pu vivre une enfance tout à fait normal dans un patelin tout ce qui a de plus normal (caillassage de négros, profanation de cimetières juifs, une petite ratonnade pour finir la journée) si seulement il n'avait pas eu la bonne idée d'être atteint à la naissance de la fameuse osteogenesis imperfecta, plus connue sous le nom de maladie des os de verre, à ne pas confondre avec la maladie des verres d'eau qui elle aussi toucha bien des grands de ce monde, de Boris Elstine à Gérard Depardieu.
A l'âge de 4 ans, Michel Petrucciani apperçoit Duke Ellington à la télévision, et dit à son papa Antoine, guitariste de jazz réputé, "c'est ça que je veux faire plus tard". A l'âge de 6 ans, il tombe par hasard sur une émission avec Woody Allen et Mimi Mathy, et dit à sa mère Raymonde, cuisinière hors-pair, "c'est à eux que je veux ressembler plus tard". Pari réussi sur toute la ligne, bingo banco : puisque ce fainéant ne prend pas le temps d'aller taper dans un ballon de foot avec ses copains le mercredi après-midi (et accessoirement de se casser un ou deux os dans la foulée, qu'il avait courte), il se passionne pour la pratique du piano jazz, dont il maîtrise les moindres subtilités à l'âge de 12 ans.
A 13 ans, Petrucciani fait la rencontre de celui qui deviendra son meilleur ami (et sans doute un acteur porno de premier rang, avec un nom pareil), Aldo Romano, grâce à qui il enregistrera quelques années plus tard son premier album, "Flash", "Flash", comme le super héros de son enfance avec qui il partage déjà tant de choses, dont une évidente proportion à l'éjaculation précoce dans les draps satinés de sa nouvelle maison de Montélimar, pourquoi Montélimar, va savoir, sans doute parce que Petrucciani nougate déjà.
"Flash" sort donc en 1980. Il aurait pu l'appeler "Eclair" ou "Comme un Ouragan", mais c'était déjà pris. 1981, Michel Petrucciani part aux chtates pour y développer son art, à défaut d'autre chose. Il y rencontre le grand saxophoniste Charles Lloyd, avec qui il sortira trois albums. Il devient ainsi en 1985 le premier français à signer sur le fameux label américain Blue Note ("la note bleue", pour les turcs qui nous écoutent), et joue avec les plus grands, sans mauvais jeu de mots : Gary Peacock, Gerry Mulligan, Dizzie Gillespie ou encore Stéphane Grapelli, géant du violon avec qui le génial nabot sort en 1995 le célèbre "Flamingo", vendu à plus de 100.000 exemplaires. Michel Petrucciani s'y présente à l'apogée de son immense talent, grand défenseur d'un jazz populaire et jamais populiste, nourri de multiples sonorités qui font de lui le fils illégitime de Louis Armstrong et d'Yvette Horner, mais si Louis Armstrong et Yvette Horner avaient eu un enfant ensemble, on ose espérer que le bambin ait eu la correction de se pendre à la naissance avec son cordon ombilical.
Michel Petrucciani, lui, ne peut pas se suicider. Il est catholique, et on ne verra jamais un catholique se suicider, sauf s'il est très malheureux et qu'il a envie de mourir. Michel Petrucciani n'aura même pas le temps de penser au suicide : la maladie l'emporte jeune, en 1999, et Super Nabot est enterré au Père Lachaise, à quelques mètres de Frédéric Chopin, de Pierre Desproges et de la Fille Tabouret. Mais je dis ça, c'est pour meubler.
A l'âge de 4 ans, Michel Petrucciani apperçoit Duke Ellington à la télévision, et dit à son papa Antoine, guitariste de jazz réputé, "c'est ça que je veux faire plus tard". A l'âge de 6 ans, il tombe par hasard sur une émission avec Woody Allen et Mimi Mathy, et dit à sa mère Raymonde, cuisinière hors-pair, "c'est à eux que je veux ressembler plus tard". Pari réussi sur toute la ligne, bingo banco : puisque ce fainéant ne prend pas le temps d'aller taper dans un ballon de foot avec ses copains le mercredi après-midi (et accessoirement de se casser un ou deux os dans la foulée, qu'il avait courte), il se passionne pour la pratique du piano jazz, dont il maîtrise les moindres subtilités à l'âge de 12 ans.
A 13 ans, Petrucciani fait la rencontre de celui qui deviendra son meilleur ami (et sans doute un acteur porno de premier rang, avec un nom pareil), Aldo Romano, grâce à qui il enregistrera quelques années plus tard son premier album, "Flash", "Flash", comme le super héros de son enfance avec qui il partage déjà tant de choses, dont une évidente proportion à l'éjaculation précoce dans les draps satinés de sa nouvelle maison de Montélimar, pourquoi Montélimar, va savoir, sans doute parce que Petrucciani nougate déjà.
"Flash" sort donc en 1980. Il aurait pu l'appeler "Eclair" ou "Comme un Ouragan", mais c'était déjà pris. 1981, Michel Petrucciani part aux chtates pour y développer son art, à défaut d'autre chose. Il y rencontre le grand saxophoniste Charles Lloyd, avec qui il sortira trois albums. Il devient ainsi en 1985 le premier français à signer sur le fameux label américain Blue Note ("la note bleue", pour les turcs qui nous écoutent), et joue avec les plus grands, sans mauvais jeu de mots : Gary Peacock, Gerry Mulligan, Dizzie Gillespie ou encore Stéphane Grapelli, géant du violon avec qui le génial nabot sort en 1995 le célèbre "Flamingo", vendu à plus de 100.000 exemplaires. Michel Petrucciani s'y présente à l'apogée de son immense talent, grand défenseur d'un jazz populaire et jamais populiste, nourri de multiples sonorités qui font de lui le fils illégitime de Louis Armstrong et d'Yvette Horner, mais si Louis Armstrong et Yvette Horner avaient eu un enfant ensemble, on ose espérer que le bambin ait eu la correction de se pendre à la naissance avec son cordon ombilical.
Michel Petrucciani, lui, ne peut pas se suicider. Il est catholique, et on ne verra jamais un catholique se suicider, sauf s'il est très malheureux et qu'il a envie de mourir. Michel Petrucciani n'aura même pas le temps de penser au suicide : la maladie l'emporte jeune, en 1999, et Super Nabot est enterré au Père Lachaise, à quelques mètres de Frédéric Chopin, de Pierre Desproges et de la Fille Tabouret. Mais je dis ça, c'est pour meubler.
La véritable histoire vraie d’Otis Marchepied (1)
Pour la soixante-troisième fois de la journée, Otis Marchepied entreprit de dévaler à une vitesse phénoménale pour son âge les dix-huit étages de la grande Tour de l’Elevation, qui trônait fièrement au centre de la Cité Impériale et abritait depuis près de douze ans maintenant les splendides bureaux de l’International Wargame Company, dont les étonnantes machines de guerre toutes plus étincelantes et sophistiquées les unes que les autres envahissaient le monde connu avec une régularité désarmante, au gré des nombreuses conquêtes que menait avec succès l’Empire aux confins de l’univers sans se soucier du sort peu enviable des milliers de personnes déracinées et obligées de fuir sans demander leur reste devant la puissance de feu ahurissante dont était capable de faire preuve les troupes surentraînées du général Lee, en grande partie grâce à la pugnacité et l’acharnement au travail de tous ses collègues qu’il croisait tous les jours avec la même expression de satisfaction du devoir accompli sur le visage, et qu’il tentait d’assister du mieux qu’il le pouvait, à son échelle, suant et transpirant,mouvant sa lourde carcasse avec toute l’agilité dont il était encore capable afin d’être toujours là lorsqu’on lui demandait d’être là, à disposition de tous, et ne surtout pas passer pour un de ces maudits tire-au-flanc dont il exécrait plus que tout la futilité et le manque de consistance, tandis que lui ne ménageait pas sa peine et ne comptait pas les heures toutes entières dévolues à la bonne marche de la compagnie, avec une abnégation et une conscience professionnelle dont il ne s’était jamais départi, malgré tout, malgré ces quelques moments de lassitude et de doute qui avaient pu logiquement s’immiscer en lui après ces onze années et neuf mois pendant lesquels il avait occupé sans jamais rechigner les mêmes fonctions au sein de cette magnifique entreprise qui ne connaissait pas la crise (il se rappelait avoir entendu cette chanson des centaines de fois quand il était plus jeune, sans jamais avoir réussi à saisir le nom de chanteur qui fredonnait cette joyeuse mélopée...
(à suivre)
(à suivre)
dimanche 11 octobre 2009
Dictionnaire impromptu : Geronimo
Né en 1829 en Arizona, Geronimo est appelé à sa naissance Go Khla Yeh (celui qui baille) par ses parents, et tous ses petits copains apaches passeront leur temps à se foutre de sa gueule à l'école jusqu'à ce que débarque dans la tribu le petit Nu Gah Den Dini, ce qui signifie "petite crotte malodorante". Le mal est fait, Go Khla Yeh est un petit garçon mal dans sa peau rouge et sombre très tôt dans l'alcoolisme : à dix ans, il prend sa première cuite au Mezcal. À son deuxième bol, il est déjà complètement sioux.
Mais tout s'éclaircit lorsque meurt Tazha, le fils aîné du grand chef Cochise : Go Khla Yeh prend alors le contrôle de la tribu et il est admis au conseil de guerre des Apaches Chiricahuas en 1846, à peine âgé de 15 ans. La vie suit son court pour les chihuahuas, jusqu'à ce qu'en 1858 l'armée mexicaine se fourre une énorme épine dans le pied en tuant sa mère, sa femme et ses trois enfants. Go Khla Yeh se venge le 30 septembre 1859, le jour de la Saint Jérôme, et les cris des Mexicains invoquant Saint Jérôme (Geronimo, donc, qui ne signifie absolument pas "j'ai revu encore une fois un dessin animé sur un petit poisson) lui inspire son nom de guerre. Deux ans plus tard, alors que Geronimo s'est calmé, les Mexicains lancent une nouvelle attaque surprise et tue sa nouvelle épouse et son fils. Geronimo se dit alors que ça commanche vraiment à bien faire cette histoire et décide de tourner l'apache. Désormais, il sera un chaman chanmé et mettra toute son énergie à combattre les blancs.
Pendant dix ans, Geronimo combattra aux côtés des chefs Cochise et Mangas Coloradas (un cocktail très prisé au Mexique, popularisé par Tom Cruise dans le film du même nom), et il faudra attendre 1871 pour qu'il retourne sa far veste, négocie enfin un accord de paix avec les Etats-Unis et obtienne la création d'une réserve apache, ce qui est tout de même moins bien qu'une réserve à cigarettes, mais passons. L'année suivante, toute la tribu est déportée dans le désert et Geronimo s'enfuit avec les chefs apaches. Ils s'évanouissent dans les montagnes et deviennent de véritables hors-la-loi des séries, vivant de pillages tout en exécutant quelques soldats mexicains pour passer le temps.
Rattrapé à plusieurs reprises, il s'échappe à chaque fois, mais son existence de bandit pas manchot ne va s'arrêter qu'en 1886 : coupable d'avoir buté 26 colons américains d'un coup, il se retrouve pourchassé par 8000 soldats américains et mexicains commandé par le général Nelson Miles Davis, qui était loin d'être une trompette et ne se laissait pas faire quand on venait lui casser les pieds tendres. Après 6 mois où Geronimo rivalise d'ingéniosité pour passer entre les mailles du filet, le grand chaman finit par se lasso de cette existence de cowbaye solitaire, et se rend finalement le 4 septembre 1886.
Enfermé à Fort Pickens en Floride, un endroit Fort Alamode pour les exécutions sommaires, Geronimo finit par se ranger, se convertit au christianisme et devient fermier. Il se retrouve même à vendre des souvenirs à la Louisian Purchase Exposition en 1904 et aurait fini par présenter la météo avec un casque à plumes si la télé avait été inventée à l'époque. Une pneumonie met fin à sa déchéance et il meurt en 1909, il y a cent ans tout rond. La légende veut que ses dernière paroles furent : "ah là là, Cheyenne de vie".
Mais tout s'éclaircit lorsque meurt Tazha, le fils aîné du grand chef Cochise : Go Khla Yeh prend alors le contrôle de la tribu et il est admis au conseil de guerre des Apaches Chiricahuas en 1846, à peine âgé de 15 ans. La vie suit son court pour les chihuahuas, jusqu'à ce qu'en 1858 l'armée mexicaine se fourre une énorme épine dans le pied en tuant sa mère, sa femme et ses trois enfants. Go Khla Yeh se venge le 30 septembre 1859, le jour de la Saint Jérôme, et les cris des Mexicains invoquant Saint Jérôme (Geronimo, donc, qui ne signifie absolument pas "j'ai revu encore une fois un dessin animé sur un petit poisson) lui inspire son nom de guerre. Deux ans plus tard, alors que Geronimo s'est calmé, les Mexicains lancent une nouvelle attaque surprise et tue sa nouvelle épouse et son fils. Geronimo se dit alors que ça commanche vraiment à bien faire cette histoire et décide de tourner l'apache. Désormais, il sera un chaman chanmé et mettra toute son énergie à combattre les blancs.
Pendant dix ans, Geronimo combattra aux côtés des chefs Cochise et Mangas Coloradas (un cocktail très prisé au Mexique, popularisé par Tom Cruise dans le film du même nom), et il faudra attendre 1871 pour qu'il retourne sa far veste, négocie enfin un accord de paix avec les Etats-Unis et obtienne la création d'une réserve apache, ce qui est tout de même moins bien qu'une réserve à cigarettes, mais passons. L'année suivante, toute la tribu est déportée dans le désert et Geronimo s'enfuit avec les chefs apaches. Ils s'évanouissent dans les montagnes et deviennent de véritables hors-la-loi des séries, vivant de pillages tout en exécutant quelques soldats mexicains pour passer le temps.
Rattrapé à plusieurs reprises, il s'échappe à chaque fois, mais son existence de bandit pas manchot ne va s'arrêter qu'en 1886 : coupable d'avoir buté 26 colons américains d'un coup, il se retrouve pourchassé par 8000 soldats américains et mexicains commandé par le général Nelson Miles Davis, qui était loin d'être une trompette et ne se laissait pas faire quand on venait lui casser les pieds tendres. Après 6 mois où Geronimo rivalise d'ingéniosité pour passer entre les mailles du filet, le grand chaman finit par se lasso de cette existence de cowbaye solitaire, et se rend finalement le 4 septembre 1886.
Enfermé à Fort Pickens en Floride, un endroit Fort Alamode pour les exécutions sommaires, Geronimo finit par se ranger, se convertit au christianisme et devient fermier. Il se retrouve même à vendre des souvenirs à la Louisian Purchase Exposition en 1904 et aurait fini par présenter la météo avec un casque à plumes si la télé avait été inventée à l'époque. Une pneumonie met fin à sa déchéance et il meurt en 1909, il y a cent ans tout rond. La légende veut que ses dernière paroles furent : "ah là là, Cheyenne de vie".
La véritable histoire vraie d’Irina Menkova (3)
L’air était sec, le vent acéré, et sa petite promenade n’eut pas exactement l’effet escompté. Prise d’une soudaine nausée, elle s’appuya contre la balustrade en bois blanc qui cernait la jetée et porta son regard au loin. Ce n’était pas le moment de tomber malade, pas maintenant, pas à l’instant où l’horizon se découvrait subitement.
La mort de ses parents, les lingues semaines à grelotter sur une paillasse souillées, installée à même le sol glacial d’un immeuble désaffecté de la banlieue moscovite, les hurlements obscènes des ivrognes et les cris désemparés des nourrissons affamés, tout ça était bien loin derrière elle. Plus que tout, elle n’aurait pas supporté que son enfant, que leur enfant, ait à subir un jour toutes ces infamies. Mais ça, elle n’avait plus à s’en inquiéter, et elle n’aurait jamais à le redouter. Grâce à Lui, grâce à mademoiselle Olga aussi, sans qui elle ne l’aurait jamais connu, sans qui elle n’aurait jamais rencontré l’amour véritable. Elle respira profondément et s’apprêta à regagner la terrasse ensoleillé du Café Bel Air, butant sur les marches qui montaient au milieu des galets. Elle était si fatiguée. Heureusement, tout cela serait bientôt terminé, et elle pourrait se reposer. Apercevant le visage soucieux de son chevalier blanc à travers la vitrine impeccable du restaurant, elle sourit faiblement. Il devait certainement encore penser qu’Irina ne se doutait pas un seul instant du véritable but de cette escapade en amoureux à quelques centaines de kilomètres du petit duplex parisien qu’Il lui avait offert. Mais elle n’était pas aussi naïve qu’elle s’efforçait de le laisser paraître pour avoir la paix, et rien ne lui avait échappé des préparatifs minutieux du voyage, les coups de fils qu’Il avait passé dans la semaine. Elle le trouvait si mignon, lorsqu’Il tentait ainsi de prendre par surprise la petite fille en robe légère qui pataugeait dans la Mer Noire. Voilà qu’Il la regardait pénétrer dans la salle en se tordant les mains, jetant autour de lui des regards furtifs comme si les mots qu’Il cherchait à lui dire pouvaient s’être planqués par magie dans un coin de la pièce. Elle aurait voulu le rassurer, lui dire que les mots n’avaient pas d’importance, qu’elle savait fort bien au plus profond d’elle ce qu’Il ressentait et ce qu’Il désirait. Il n’avait pas à s’en faire, elle l’aimait comme Il était, avec toute sa lâcheté d’Homme. Mais comme à son habitude, elle ne put ouvrir la bouche, se contenta de baisser les yeux et d’approcher doucement le front des lèvres de son protecteur pour qu’Il y dépose un baiser rassurant. Il prit ses mains glacées entre les siennes, fit pivoter son poignet pour jeter un coup d’oeil à la jolie montre en or dont Il lui avait fait cadeau à Noël, s’éclaircit la gorge comme pour parler et se ravisa subitement. Avec un froncement de sourcil, Il lui indiqua le petit salon attenant où un petit homme d’une quarantaine d’année, à la grosse bedaine et aux yeux enfoncés dans leurs orbites, lui adressa un petit signe amical en lissant sa moustache d’un air gourmand. Irina Menkova comprit aussitôt et lui rendit son sourire en baissant instinctivement les yeux. Elle pressa entre les siennes les mains de son Homme, qui regardait ostensiblement la mer par-dessus son épaule, comme s’Il n’était déjà plus là, enfermé dans son monde où elle n’avait pas sa place. Irina Menkova retira ses mains et défit prestement le premier bouton de sa robe. Tant pis pour la demande en mariage. Ce ne devait pas être le bon moment, Il avait certainement ses raisons, la prochaine fois, sans doute. En attendant, elle avait du travail.
Irina Menkova réajusta son décolleté et se dirigea en louvoyant vers son unique client de la journée, jetant au passage un regard inquiet vers l’horloge murale : elle espérait qu’il était plutôt du genre précoce, ils avaient tout de même rendez-vous dans moins d’une demi-heure à la clinique pour son avortement, et ce n’était pas le genre de rendez-vous qu’elle aimait manquer.
La mort de ses parents, les lingues semaines à grelotter sur une paillasse souillées, installée à même le sol glacial d’un immeuble désaffecté de la banlieue moscovite, les hurlements obscènes des ivrognes et les cris désemparés des nourrissons affamés, tout ça était bien loin derrière elle. Plus que tout, elle n’aurait pas supporté que son enfant, que leur enfant, ait à subir un jour toutes ces infamies. Mais ça, elle n’avait plus à s’en inquiéter, et elle n’aurait jamais à le redouter. Grâce à Lui, grâce à mademoiselle Olga aussi, sans qui elle ne l’aurait jamais connu, sans qui elle n’aurait jamais rencontré l’amour véritable. Elle respira profondément et s’apprêta à regagner la terrasse ensoleillé du Café Bel Air, butant sur les marches qui montaient au milieu des galets. Elle était si fatiguée. Heureusement, tout cela serait bientôt terminé, et elle pourrait se reposer. Apercevant le visage soucieux de son chevalier blanc à travers la vitrine impeccable du restaurant, elle sourit faiblement. Il devait certainement encore penser qu’Irina ne se doutait pas un seul instant du véritable but de cette escapade en amoureux à quelques centaines de kilomètres du petit duplex parisien qu’Il lui avait offert. Mais elle n’était pas aussi naïve qu’elle s’efforçait de le laisser paraître pour avoir la paix, et rien ne lui avait échappé des préparatifs minutieux du voyage, les coups de fils qu’Il avait passé dans la semaine. Elle le trouvait si mignon, lorsqu’Il tentait ainsi de prendre par surprise la petite fille en robe légère qui pataugeait dans la Mer Noire. Voilà qu’Il la regardait pénétrer dans la salle en se tordant les mains, jetant autour de lui des regards furtifs comme si les mots qu’Il cherchait à lui dire pouvaient s’être planqués par magie dans un coin de la pièce. Elle aurait voulu le rassurer, lui dire que les mots n’avaient pas d’importance, qu’elle savait fort bien au plus profond d’elle ce qu’Il ressentait et ce qu’Il désirait. Il n’avait pas à s’en faire, elle l’aimait comme Il était, avec toute sa lâcheté d’Homme. Mais comme à son habitude, elle ne put ouvrir la bouche, se contenta de baisser les yeux et d’approcher doucement le front des lèvres de son protecteur pour qu’Il y dépose un baiser rassurant. Il prit ses mains glacées entre les siennes, fit pivoter son poignet pour jeter un coup d’oeil à la jolie montre en or dont Il lui avait fait cadeau à Noël, s’éclaircit la gorge comme pour parler et se ravisa subitement. Avec un froncement de sourcil, Il lui indiqua le petit salon attenant où un petit homme d’une quarantaine d’année, à la grosse bedaine et aux yeux enfoncés dans leurs orbites, lui adressa un petit signe amical en lissant sa moustache d’un air gourmand. Irina Menkova comprit aussitôt et lui rendit son sourire en baissant instinctivement les yeux. Elle pressa entre les siennes les mains de son Homme, qui regardait ostensiblement la mer par-dessus son épaule, comme s’Il n’était déjà plus là, enfermé dans son monde où elle n’avait pas sa place. Irina Menkova retira ses mains et défit prestement le premier bouton de sa robe. Tant pis pour la demande en mariage. Ce ne devait pas être le bon moment, Il avait certainement ses raisons, la prochaine fois, sans doute. En attendant, elle avait du travail.
Irina Menkova réajusta son décolleté et se dirigea en louvoyant vers son unique client de la journée, jetant au passage un regard inquiet vers l’horloge murale : elle espérait qu’il était plutôt du genre précoce, ils avaient tout de même rendez-vous dans moins d’une demi-heure à la clinique pour son avortement, et ce n’était pas le genre de rendez-vous qu’elle aimait manquer.
dimanche 4 octobre 2009
Théorie foireuse : Joseph Haydn
Né en 1732 dans un petit village de Basse-Autriche, Franz Joseph Hadyn est le deuxième des douze enfants du couple, dont six survivront jusqu'à l'âge adulte, ce qui est bien mais pas top. D'un père fabricant de charriot et d'une mère cuisinière chez le comte Harrach (ça ne s'invente pas), Franz est éduqué musicalement par son oncle qui l'envoie faire le soprano à la Cathédrale de Vienne, où il apprend les rudiments de son art avant d'être chassé à 18 ans pour avoir mué, chose qu'il aurait pu évité en se coupant une ou deux couilles, voir trois.
En 1757, Joseph Haydn a abandonné le prénom de Franz, vraiment trop connoté casque à pointe et solution finale, et rencontre le baron Von Fürnberg, le comte Von Morzin et le duc Von Etik, qui souffre de quelques problèmes de prononciation, et se retrouve bientôt engagé par la la famille des princes Esterházy, grande famille hongroise qu'il servira pendant plus de 30 ans.
C'est surtout avec le règne de Niklaus Ier, dit "le magnifique" parce que "le gros pédé" était déjà pris, que Haydn peut laisser libre court à son talent : sorte de fonctionnaire de la musique comme on en fait plus, sauf dans les salles subventionnées par la mairie de Bordeaux, Joseph fait le minimum syndical et profite de ses nombreux temps libres pour écrire pas moins de cent symphonies, des dizaines de quatuors à corde, quelques opéras, et la première version injustement méconnue d'Eye Of The Tiger, composée à l'origine pour clavecin.
On dit alors souvent de Joseph Haydn qu'il incarne mieux que quiconque le classicisme viennois, même si cela n'évoquera à la plupart d'entre vous qu'un vague souvenir de patisserie dégeulasse avalée à la va-vite avant votre premier rencard au cinéma avec cette blondinette qui faisait tourner toute les têtes, Alexandrie, Alexandra, ce soir j'ai l'a fièvre et toi tu meurs de froid. Pour simplifier, on dira qu'Haydn se trouve pile poil à la frontière entre le baroque et le romantisme, l'équivalent pour la musique classique d'un Rocco Siffredi filmé par André Téchiné. C'est chiant mais c'est beau.
Haydn trouve donc très souvent le temps, entre deux symphonies, d'aller boire des coups au bistrot du coin, le Lane Bar, où il rencontra son meilleur pote Wolfgang Amadeus Mozart au cours d'une partie de cartes très animées qui restera dans l'histoire sous le nom de la fameuse Belote de Lane. Malgré leur grande différence d'âge (24 ans), les deux hommes vivent ensemble une vibrante histoire de camaraderie qui ne cessera qu'avec la mort de Mozart en 1791. Profondément affecté, Joseph Hadyn quitte Vienne et traverse l'Europe révolutionnaire pour une série de concerts londoniens qui resteront dans les esprits. De retour au pays en 1793, il prend pour élève un jeune musicien talentueux répondant au doux nom de Ludwig Van Beethoven, mais le courant ne passe pas vraiment entre les deux hommes et Haydn le laisse bientôt entre les mains d'Albrechtberger pour reprendre ses fonctions de maître de chapelle auprès de Niklaus II, dit "le petit-fils du magnifique".
Après une série de 9 quatuors à corde très innovants, Joseph Haydn prend enfin une retraite bien méritée en 1804 et décède en 1809 pendant l'occupation de Vienne par les troupes de Napoléon, décidément toujours là dans les bons coups. A son enterrement, on joue le Requiem de Mozart, c'est très beau et c'est très triste. 180 ans plus tard, François Feldman se demande ce que deviennent, deviennent, les valses de Vienne, et c'est surtout très triste.
En 1757, Joseph Haydn a abandonné le prénom de Franz, vraiment trop connoté casque à pointe et solution finale, et rencontre le baron Von Fürnberg, le comte Von Morzin et le duc Von Etik, qui souffre de quelques problèmes de prononciation, et se retrouve bientôt engagé par la la famille des princes Esterházy, grande famille hongroise qu'il servira pendant plus de 30 ans.
C'est surtout avec le règne de Niklaus Ier, dit "le magnifique" parce que "le gros pédé" était déjà pris, que Haydn peut laisser libre court à son talent : sorte de fonctionnaire de la musique comme on en fait plus, sauf dans les salles subventionnées par la mairie de Bordeaux, Joseph fait le minimum syndical et profite de ses nombreux temps libres pour écrire pas moins de cent symphonies, des dizaines de quatuors à corde, quelques opéras, et la première version injustement méconnue d'Eye Of The Tiger, composée à l'origine pour clavecin.
On dit alors souvent de Joseph Haydn qu'il incarne mieux que quiconque le classicisme viennois, même si cela n'évoquera à la plupart d'entre vous qu'un vague souvenir de patisserie dégeulasse avalée à la va-vite avant votre premier rencard au cinéma avec cette blondinette qui faisait tourner toute les têtes, Alexandrie, Alexandra, ce soir j'ai l'a fièvre et toi tu meurs de froid. Pour simplifier, on dira qu'Haydn se trouve pile poil à la frontière entre le baroque et le romantisme, l'équivalent pour la musique classique d'un Rocco Siffredi filmé par André Téchiné. C'est chiant mais c'est beau.
Haydn trouve donc très souvent le temps, entre deux symphonies, d'aller boire des coups au bistrot du coin, le Lane Bar, où il rencontra son meilleur pote Wolfgang Amadeus Mozart au cours d'une partie de cartes très animées qui restera dans l'histoire sous le nom de la fameuse Belote de Lane. Malgré leur grande différence d'âge (24 ans), les deux hommes vivent ensemble une vibrante histoire de camaraderie qui ne cessera qu'avec la mort de Mozart en 1791. Profondément affecté, Joseph Hadyn quitte Vienne et traverse l'Europe révolutionnaire pour une série de concerts londoniens qui resteront dans les esprits. De retour au pays en 1793, il prend pour élève un jeune musicien talentueux répondant au doux nom de Ludwig Van Beethoven, mais le courant ne passe pas vraiment entre les deux hommes et Haydn le laisse bientôt entre les mains d'Albrechtberger pour reprendre ses fonctions de maître de chapelle auprès de Niklaus II, dit "le petit-fils du magnifique".
Après une série de 9 quatuors à corde très innovants, Joseph Haydn prend enfin une retraite bien méritée en 1804 et décède en 1809 pendant l'occupation de Vienne par les troupes de Napoléon, décidément toujours là dans les bons coups. A son enterrement, on joue le Requiem de Mozart, c'est très beau et c'est très triste. 180 ans plus tard, François Feldman se demande ce que deviennent, deviennent, les valses de Vienne, et c'est surtout très triste.
La véritable histoire vraie d’Irina Menkova (2)
C’était presque une autre vie, tant de choses s’étaient passé entre temps qu’elle en arrivait presque à douter n’avoir jamais mis les pieds à Moscou un jour. Cela faisait six ans maintenant qu’elle avait quitté les ruelles enneigées de la capitale moscovite pour les lumières de Paris, et jamais la petite fille qui pataugeait dans la Mer Noire n’aurait imaginé que sa vie prendrait un tel tournant.
Plus que tout, jamais elle n’oserait imaginer ce qui aurait pu se produire s’Il n’était pas entré dans sa vie comme un ange descendu des cieux, quelques semaines après la mort de ses parents dans cet étrange incendie dont elle avait été la seule rescapée. Irina Menkova avait senti le souffle rauque de la Mafia sur sa nuque, mais son chevalier blanc était arrivé sur son destrier de métal et Il l’avait sorti sans effort des griffes de la bête avant qu’elles ne se referment sur elle. Il lui avait plu au premier regard, Il était si beau et dégageait une telle sérénité, avec sa haute stature et ses muscles saillants sous son costume italien de belle facture, prêt à écraser comme des moucherons entre ses larges mains le premier qui oserait toucher à un de ses cheveux sans avoir été invité. Une main ferme se posa justement sur son épaule à cet instant précis, et Irina Menkova tressaillit. Elle reconnut immédiatement les innombrables bagues qui ornaient les doigts puissants, et les enferma dans sa propre main avant d’y déposer un baiser empli de respect. L’Homme la fit pivoter sur son siège de quelques degrés et plongea son regard inquisiteur dans les yeux de la jeune femme, désignant son ventre d’un mouvement du menton presque imperceptible. Irina Menkova baissa timidement les yeux et caressa distraitement sa robe plissée, tentant de dissimuler sous la cascade de ses longs cheveux les brûlures fugaces qui lui montaient aux joues. Avait-il bougé, était-ce un coup de pied qu’elle avait senti à l’instant ? Non, certainement pas, c’était tout bonnement improbable, il était bien trop tôt pour ça. C’était seulement son coeur qui battait à tout rompre dans sa poitrine, et le feu qui s’emparait de ses artères, et ses tempes qui tambourinaient sans discontinuer, et elle se leva brusquement. Elle avait besoin d’air, immédiatement, elle avait besoin de sentir l’odeur des embruns et de laisser le vent du large mettre ses cheveux en bataille. Sans un mot, elle se précipita vers la sortie, sans plus prêter attention à l’Homme qui la regardait s’éloigner sans un mot, un léger sourire flottant sur les lèvres. Il ne se vexerait pas. Il ne se vexait jamais. Il avait toujours été si gentil avec elle.
(à suivre)
Plus que tout, jamais elle n’oserait imaginer ce qui aurait pu se produire s’Il n’était pas entré dans sa vie comme un ange descendu des cieux, quelques semaines après la mort de ses parents dans cet étrange incendie dont elle avait été la seule rescapée. Irina Menkova avait senti le souffle rauque de la Mafia sur sa nuque, mais son chevalier blanc était arrivé sur son destrier de métal et Il l’avait sorti sans effort des griffes de la bête avant qu’elles ne se referment sur elle. Il lui avait plu au premier regard, Il était si beau et dégageait une telle sérénité, avec sa haute stature et ses muscles saillants sous son costume italien de belle facture, prêt à écraser comme des moucherons entre ses larges mains le premier qui oserait toucher à un de ses cheveux sans avoir été invité. Une main ferme se posa justement sur son épaule à cet instant précis, et Irina Menkova tressaillit. Elle reconnut immédiatement les innombrables bagues qui ornaient les doigts puissants, et les enferma dans sa propre main avant d’y déposer un baiser empli de respect. L’Homme la fit pivoter sur son siège de quelques degrés et plongea son regard inquisiteur dans les yeux de la jeune femme, désignant son ventre d’un mouvement du menton presque imperceptible. Irina Menkova baissa timidement les yeux et caressa distraitement sa robe plissée, tentant de dissimuler sous la cascade de ses longs cheveux les brûlures fugaces qui lui montaient aux joues. Avait-il bougé, était-ce un coup de pied qu’elle avait senti à l’instant ? Non, certainement pas, c’était tout bonnement improbable, il était bien trop tôt pour ça. C’était seulement son coeur qui battait à tout rompre dans sa poitrine, et le feu qui s’emparait de ses artères, et ses tempes qui tambourinaient sans discontinuer, et elle se leva brusquement. Elle avait besoin d’air, immédiatement, elle avait besoin de sentir l’odeur des embruns et de laisser le vent du large mettre ses cheveux en bataille. Sans un mot, elle se précipita vers la sortie, sans plus prêter attention à l’Homme qui la regardait s’éloigner sans un mot, un léger sourire flottant sur les lèvres. Il ne se vexerait pas. Il ne se vexait jamais. Il avait toujours été si gentil avec elle.
(à suivre)
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