dimanche 22 novembre 2009

Dictionnaire impromptu : John Wayne

Symbole ultime du mâle dans toute sa splendeur, la peau mate burinée par le soleil écrasant, le regard fier scrutant l’horizon avant de cracher dans la poussière du Texas un glaviot large comme le poing, John Wayne est un macho comme on en fera plus, ténébreux et fascinant. Sauf que John Wayne s’appelle en réalité Marion Morrisson, et que le mythe du cow-boy viril prend subitement une flèche dans l’aile.

Né Marion Robert Morrisson le 26 mai 1907 d’un père écossais et presbytérien et d’une mère irlandaise et myope, John Wayne passa son enfance en Californie à tenter de changer de sexe par tous les moyens. Ne pouvant se résoudre à une opération chirurgicale fort coûteuse, il se met au football et rentre à l’université de Californie du Sud où il obtient une bourse, ce qui est déjà un bon début quand on essaie désespérément d’obtenir l’appareillage complet. Mais une blessure au sein droit l’oblige à mettre un terme à sa carrière de quaterback, Marion met fin à ses études et commence à travailler pour des studios de cinéma locaux, où il rencontrera le grand John Ford qui le fait tourner avec son ancienne équipe dans le film « Maker of Men » en 1930, littéralement, « Faire de vous des hommes », ce qui avait tout pour exciter le jeune Marion.

Après cette première étape encourageante, Marion sait ce qui lui reste à faire pour enfin se trouver. Il se lance dans le cinéma et devient John Wayne, John comme son héros John Ford et Wayne comme Bruce Wayne, dont l’homosexualité latente à de quoi prêter à confusion mais c’est une autre histoire. Luttant tant bien que mal contre les pulsions qui l’habitent, Marion, et même si là-dessus les avis divergent et que dix verges, ça fait beaucoup pour un seul homme, Marion, donc, se créé par réflexe un personnage ultra macho et conservateur qu’il conservera coûte que coûte dans les 175 films où il apparaîtra. John Wayne excelle alors autant dans les westerns (Rio Bravo, L’Homme qui tua Liberty Valance, La Chevauchée Fantastique, Pocahontas et les 1000 plaisirs de la squaw solitaire...) que dans les films de guerre, et en 1968, il signe ainsi Les Bérets Verts, seul film du genre ouvertement pro-guerre du Vietnam. On lui propose alors d’être le candidat du parti Républicain au prochaine élection, mais John décline la proposition en déclarant que jamais le public ne pourrait envoyer un acteur à la Maison Blanche, et Ronald Reagan se marre.

A la même période, on lui diagnostique un cancer du poumon, ce qui n’empêchera pas John Wayne de fumer virilement ses trois paquets quotidiens jusqu’à son dernier souffle, parce que le cancer du poumon, tout le monde le sait, c’est pour les pédés. Il décide donc plutôt de mourir d’un cancer de l’estomac, qui, un soir de juin 1979, emporte le fier cow-boy solitaire vers son dernier rodéo. John Wayne demeurera pour tous l’homme le plus classe du monde, là où tant de gens confondent encore un peu trop la classe et la coquetterie.

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