dimanche 21 mars 2010

Dieu fume des cigarettes espagnoles

Vous aurez sans doute un peu de mal à me croire, et je ne vous en voudrais pas d’être un poil dubitatif sur la question, mais nous avons toutes les raisons de penser que contrairement à ce que nous disait Gainsbourg, Dieu est un fumeur de cigarettes de contrebande.

D’ailleurs, si l’on en croit les plus éminents théologiens, il n’aurait jamais dit à ses apôtres « mangez, ceci est mon corps », mais bien « fume, c’est de la bonne ». Dieu est même un très gros fumeur, qui s’enfile allégrement ses deux paquets par jour... et il est beaucoup plus fréquent, croyez-le ou non, de voir Dieu fumer comme un pompier que de voir un pompier fumer comme un Dieu (sauf dans les rêves érotico-comiques les plus salaces d’Astrid Schuman, mais c’est une autre histoire). Les jours de gros nuages, il n’est pas totalement abscons de penser que Dieu vient de se taper un narguilé avec Saint Pierre, qui ne manque jamais lui non plus une occasion d’aller s’en griller une dans les toilettes plutôt que de garder les portes du Paradis, où il est théoriquement interdit de fumer depuis l’entrée en vigueur de la loi Evin. Dieu s’en fout, il est comme Judge Dredd, la loi, c’est lui. Et Dieu continue malgré tout de fumer ses quarante clopes quotidiennes sans craindre pour ses poumons. Dieu s’en fout de ça aussi, et vous savez bien pourquoi : le cancer, il est contre.

Dictionnaire impromptu : Jean-Paul Sartre

Jean-Paul Sartre
15 avril 1980

Né à Paris en 1905, Jean-Paul Sartre perd son géniteur en 1906. Elevé conjointement par une mère catholique et un grand-père protestant, le jeune homme se retrouve d’emblée au centre du conflit de connards, et en gardera toute sa vie un goût prononcé pour la contestation, les oppositions de style et le débat d’idées... face à des théories qui le dérangent, jamais cet écrivain combatif ne pourra se résoudre à s’en laver les mains, fussent-elles sales.

Elève au Lycée de la Rochelle, Jean-Paul Sartre entre à l’ENA en 1924, y rencontre Simone de Beauvoir en 1925, entre en Simone de Beauvoir en 1926 et passe l’agrégation de philosophie en 1929 pour tenter de comprendre les raisons qui l’ont poussé dans cette impasse. Après son service militaire, il devient professeur de philo au Havre, part à Berlin étudier Heidegger tout en lisant énormément de romanciers américains et de polars bon marché, puis revient au Havre en 1934 pour y écrire « La Transcendance de l'Ego » et « Esquisse d'une théorie des émotions », plus proche de l’existentialisme allemand que des Experts à Miami.

Jean-Paul Sartre teste alors la mescaline, sans doute pour oublier Simone, et écrit en 1936 le génial Melancholia, refusé par Gallimard avant d’être publié en 1938 sous un autre nom, « La Nausée », comme quoi, la mescaline ne suffit pas pour faire oublier qu’on a poutré par inadvertance une romancière frigide aussi sexy qu’une porte cochère. Sartre écrit d’ailleurs « Le Mur » un an après, puis tout un tas de pièces aussi cruciales que « Les Mouches » ou « Huis Clos », sans oublier ses romans « L’âge de raison » et « Le Sursis ».

Nous sommes en 1945, Jean-Paul Sartre quitte l’enseignement, fonde la revue « Les Temps Modernes » et rejoint le Parti Communiste avant de créer le Rassemblement Démocratique Révolutionnaire, avec lequel il se prend un gros gadin. Cela n’empêchera pas Jean-Paul Sartre d’être de tous les combats et de toutes les guerres, s’élevant contre celle d’Indochine puis contre celle d’Algérie, s’engueulant pour la forme avec Albert Camus en 1952, publiant en 1960 sa « Critique de la raison dialectique » après un voyage à Cuba riche en coups du cigare (ça le change de la Beauvoir) et refusant en 1964 un prix Nobel de Littérature dont il n’a pas grand chose à foutre, préférant publier « Les Mots » la même année.

Les années 70 pointent, Jean-Paul Sartre subit coup sur coup deux attaques qui le laissent en vie mais presque aveugle, et doit cesser tous ses travaux en cours. Atteint d’urémie, il s’éteint le 15 avril 1980 à Paris d’un oedeme pulmonaire... 50.000 personnes descendront dans la rue pour suivre le cortège funèbre et rendre un dernier hommage à un des écrivains français les plus célèbres de tout les temps, dont ce jeune homme qui manquera le lycée pour ça, mais produira ce mot d’excuse joliment rédigé : « Pardonnez mon absence, mais j’étais à la manif contre la mort de Sartre ».

dimanche 14 mars 2010

Dieu est un chauffeur routier

Ca peut bien entendu vous sembler très étrange, et moi-même ça m’a bouleversé lorsque j’ai compris tout ce que cela impliquait, mais il semblerait bien qu’en réalité Dieu soit un chauffeur routier qui s’appelle Roger.

Et ce n’est pas parce que Dieu est partout qu’il sait tout, c’est parce qu’il a une C.B dont il use et abuse à chaque fois qu’il croise un radar mobile. Lorsqu’il ne klaxonne pas les petites gonzesses en Renault 5 en faisant des appels de phare à ses potes qui arrivent en sens inverse, Dieu trompe l’ennui en doublant des camions espagnols à 87 km/h sur la voix de gauche histoire d’emmerder tout ces cons qui foncent sur lui à toute allure. Avec un peu de bol et quand la route est suffisamment détrempée, ça peut toujours déboucher sur un petit carambolage avec dix morts à la clé. Ca vaut pas une bonne épidémie de choléra, mais ça fait bien longtemps que Dieu a laissé tomber les épurations de masse. Quand Dieu est fatigué de tuer des gens pour le plaisir, il va se taper un bon steak frites au Buffalo Grill de l’aire de repos de Rougnoles-Sur-Gouffion. Puis il va pisser un bol, s’amuse une bonne dizaine de minutes avec le sèche-mains automatique et va se faire une petite sieste dans les herbes folles en pensant à tous ces guignols qui vont prier dans les églises pour aller au Paradis alors qu’il leur suffirait de prendre l’A80 et de sortir à trente bornes de Rodez pour tomber dessus.

Dictionnaire impromptu : Jesse Owens

James Cleveland Owens est né en 1913 à Oakville, petite ville de l’Alabama où, l’on a beau dire, comme dans le monde entier, il y a beaucoup moins de racistes que de sales négros paresseux uniquement bons à pousser les balles de cotons. C’est d’ailleurs de ce que fait son père, lorsqu’il ne participe pas le dimanche à des courses à pied contre ses copains esclaves. C’est lui qui tout naturellement donne à James le virus de la course, avec celui du sida et d’une quinzaine d’autres maladies vénériennes qui ne touchent heureusement que les noirs, mais c’est une autre histoire.

Nous sommes en 1920, et la famille Owens déménage à Cleveland pour offrir un meilleur avenir à leurs enfants, ce qui est vraiment coton, pour le coup. C’est là que l’institutrice de James, qui ne le comprend pas quand il prononce ses initiales, décide de le renommer Jesse pour le bien de tous. C’est là aussi que Jesse Owens commence à courir pour la Junior High School de Bolton tout en travaillant comme livreur et comme manutentionnaire dans une usine de chaussures pour payer ses études. Il remporte ainsi 76 des 79 courses universitaires auxquelles il participe et égalise le record du monde de vitesse alors qu’il n’a que 17 ans. Naturellement sélectionné pour les championnats américains en 1935, il y bat tous les records malgré une chute dans l’escalier quelques jours avant, explose les records du 100 mètres, du 200 mètres, du 200 mètres haies et du saut en longueur en devenant le premier à franchir la barre des huit mètres.

Les Jeux Olympiques de 1936 se déroulent alors à Berlin, et Jesse Owens passe encore un cran dans la provocation en remportant quatre médailles d’or sous les yeux du chancelier Hitler qui refusera de venir le féliciter, sans doute vexé et sûrement un peu pressé d’aller jouer à gaze-mi gaze-moi avec Rosenthal et Cohen. Il est vrai que ce jour-là, Jesse Owen infligeait un sacré démenti aux thèses aryennes, même s’il venait dans le même temps renforcer la théorie mainte fois vérifiée qui veut que si les noirs courent plus vite, c’est à cause de leurs entraînements à s’enfuir quand la police arrive.

De retour aux Etats-Unis, Jesse Owens est accueilli comme un héros, mais un héros noir tout de même, donc toujours autant dépourvu de droits civiques. Il végète un peu, organise des spectacles dans lesquels il bat à la course des champions à qui il laisse un peu d’avance et même des chevaux, et finit par devenir disc jockey de jazz à Chicago. C’est là qu’il meurt et qu’il est enterré après s’être fait rattrapé le 31 mars 1980 par un cancer du poumon qui lui fait le coup du lièvre et de la tortue. Car c’est bien ça le problème avec le cancer : rien ne sert de courir, il faut mourir à point.

dimanche 7 mars 2010

Théorie Foireuse : Dieu est belge

Ca va peut-être vous surprendre, et moi même j’en suis resté considérablement retourné en apprenant cette nouvelle effroyable, mais il semblerait, à la lecture attentive de la Bible et du Pif Gadget n°137 (celui avec un coussin péteur en cadeau), que Dieu soit en réalité Belge.

Comme Johnny Hallyday, si vous me permettez ce raccourci graveleux aux frontières de l’insoutenable, la seule différence étant qu’à notre connaissance, Dieu ne s’est encore jamais pris pour Johnny Hallyday. Et que surtout, lorsqu’il s’agit de Johnny, on a tout de suite beaucoup plus de mal à aimer son prochain. Disque. Dieu n’est donc pas musulman, Dieu n’est pas juif, Dieu est Belge. Une fois. Et même plutôt deux fois qu’une, si l’on en croit les nombreux témoignages d’amours passionnels qui recouvrent les murs diaphanes des églises flamandes où il fait bon traînasser entre deux bières à la terrasse d’un café d’Anvers et contre tout. Dieu est partout, et surtout en Belgique, pays de la diversité culturelle et de l’amour de l’autre, plat pays qui n’a de plat que le sobriquet et la géographie tant il regorge de merveilles qui ne peuvent décemment être que d’inspirations divines, à commencer par cet élément ultime sans lequel la vie ne serait rien, pas l’eau, non, ni le feu, l’air ou la terre, mais la frite. La gastronomie sans la frite, c’est comme un steak sans poivre ou un baiser sans moustache, ça n’a pas de sens, et c’est bien pour cela que la Belgique existe, et c’est bien pour cela que dans un de ses instants d’infinie sagesse, l’Eternel a dit « que la frite soit », et la Belgique fut. Tout ça pour dire que Dieu est Belge, et que ça lui va comme un Gand.

Dictionnaire impromptu : Léon Blum

Léon Blum

Né le 9 avril 1872 à Paris, Léon Blum est envoyé au Lycée Henri IV, où il rencontre très vite André Gide, avec qui il crée un journal de poésie... cent ans plus tard, il aurait fait du tuning avec Steevy et taggé des murs avec M Pokora, et adieu les congés payés. Mais nous sommes en 1891. Léon Blum obtient coup sur coup sa licence de Lettres et sa licence de droit, puis est reçu comme auditeur au Conseil d’Etat alors qu’il n’a que 23 ans, tout en écrivant quelques critiques littéraires dans des revues parisiennes. La politique ne lui tombe réellement dessus qu’avec le début de l’affaire Dreyfus en 1894, juste avant qu’il ne rencontre Jean Jaurès, avec qui il fonde le journal L’Humanité en 1904.


En août 1914, Léon Blum devient chef de cabinet du socialiste Marcel Sembat, un très bon danseur, puis devient député de la Seine en 1919 et président du groupe parlementaire socialiste l’année d’après, à une époque où l’on n’associait pas encore le socialisme à une gauche caviar dirigée d’une main de fer dans un gant Mobalpa par la vierge du Poitou; L’année d’après, il refuse de s’associer le SFIO aux communistes de la III Internationale et se fait défoncer aux législatives par la montée de l’extrême droite. Du coup, en 1934, il se rapproche du PCF de Maurice Thorez et signe les accords du Front Populaire, qui leur permet de remporter les législatives de 1936 et voit Léon Blum devenir président du conseil, l’équivalent de notre président de la république actuel. C’est le temps de toutes les révolutions : Blum invite des femmes au gouvernement, alors qu’elles n’ont pas encore le droit de vote. Et puis surtout, les congés payés, la semaine de travail à quarante heures, l’obligation de scolarité jusqu’à 14 ans, l’établissement de conventions collectives et le droit ultime à deux matchs de foot par semaine.

Mais très vite, tout se gâte. Calomnié par l’extrême droite comme tout son gouvernement (Roger Salengro, son ministre de l’intérieur, ira même jusqu’à se suicider), et touché de plein fouet par un antisémitisme très à la mode à cette époque où la moustache faisait führer, Léon Blum est à la ramasse et remet sa démission en 1937. Très vite, c’est la guerre. Blum fait partie des 80 parlementaires qui votent contre l’attribution des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, et refuse de s’enfuir aux USA malgré l’invitation de Roosevelt. Arrêté par Vichy en septembre 1940, il est interné au château de Chazeron puis livré par Pierre Laval aux Nazis et déporté en mars 1943 à Buchenwald, dans une charmante petite maison forestière à 100 mètres du camp où, comme chacun le sait, sévissent alors ces petits détails de l’histoire qui en fait n’ont jamais vraiment existé, soyons bien d’accord. Son frère René Blum, fondateur du Ballet de l’opéra de Monte Carlo, finira lui en savon à Auschwitz, pendant que Léon Blum est emmené avec sa femme dans le Tyrol italien au moment où la guerre touche à sa fin. Il dirige pendant un mois le dernier gouvernement provisoire de la France, refuse un poste de ministre que lui propose De Gaule et se retire en 1947 dans sa maison de Jouy-en-Josas (à ne pas confondre avec Jouis en Josette, film pornographique belge de 1948) et meurt le 30 mars 1950 d'un infarctus, à l'âge de 77 ans.

lundi 1 mars 2010

Dictionnaire impromptu : Lolo Ferrari

1963. Tout le Puy-de-Dôme est en effervescence : Martin Luther King vient d’avoir un rêve, JFK se fait buter, l’AC Milan est champion d’Europe, un volcan millénaire se réveille avec un petit pschitt et Clermont-Ferrand devient soudainement le centre du monde connu le 9 février lorsque naquit, dans la charmante clinique champêtre de Gorge Profonde, la petite Ève Geneviève Aline Vallois.

D’origine plutôt modeste, celle qui ne s’appelle pas encore Lolo Ferrari va vivre une enfance plutôt tranquille du côté de La Gaule, pardon, de La Baule, et se retrouve à faire un peu de mannequinat, après que les premiers temps de l’adolescence aient révélé au monde entier les généreux attributs dont la nature a doté la petite Eve. En effet, dès l’âge de 13 ans, elle trimballe son 90 D sur les plages ensoleillés et fout la Baule aux vicelards qui triquent en terrasse et boivent à la sautée des jolies filles qui passent sur la jetée en chaloupant légèrement pour éviter les bites. D’amarrages. Parmi eux, un certain Eric Vigne, quarantenaire bedonnant surnommé « le cep » par ses amis, qui épouse sans vergogne et sans capote la jeune Eve Vallois par un beau matin de juillet 1988. Sa mère est là, mammaire aussi, les prothèses ne sont pas loin. Folle d’admiration pour Amanda Lear et encouragée par son cep vénéneux, Eve devient Lolo et son tour de poitrine gonfle à une vitesse faramineuse, atteignant 180 cm de bonheur après 25 opérations chirurgicales pendant lesquelles elle en profite pour se faire redessiner les yeux, le nez et les lèvres afin de ressembler au maximum à son idole de jeunesse. Avec 2,8 kilos et trois litres de sérum dans chaque sein, Lolo devient « la femme à la plus grosse poitrine du monde » pour le Guiness Book. Pour le reste de la population, elle restera un monstre de fête foraine faite pour se faire forer, une truie, une salope, et encore, je baise mes mots.

Pourvue de ses brassières faites sur mesure et de ses insomnies chroniques (elle ne peut plus dormir sur le ventre ou sur le dos, et la peur que ses seins explosent subitement lui fait perdre le sommeil), Lolo Ferrari incarne en 1996 une caricature de Pamela Anderson dans le film Camping Cosmos, obtient un rôle régulier dans Eurotrash sur Channel 4, fait du strip-tease dans des cabarets moisis, s’essaie aux films érotiques puis passe carrément au porno, où elle a de nouveau l’occasion de se faire refaire la façade avec une régularité déconcertante. Les philanthropes de Sony Music en profite pour lui faire enregistrer le tube éphémère « Air Bag Génération », mais ça commence déjà à sentir le sapin, d’autres diront la moule ou les sous-bois, pour Lolo Ferrari et son champignon de mari. Et même si elle remporte son procès contre la firme Ferrari, son projet de marque de lingerie Lolo Ferrari Underwear tombe à l’eau et Lolo sombre définitivement dans la dépression qui la guette depuis tant d’années.

Le 5 mars 2000, aussi profonde et expérimentée soit-elle (à ne pas manquer pour les cinéphiles, le somptueux Plein Pot réalisé en 1998 par Marc Dorcel), Lolo voit enfin le bout: elle est retrouvée inanimée à son domicile de Grasse avec assez de médicaments dans l’organisme pour assommer un éléphant nain, et malgré les traces suspectes de strangulation qui entraînèrent l’arrestation de son mari, l’enquête de police conclut finalement à un suicide. Conformément à ses désirs, Lolo Ferrari est enterrée quelques jours plus tard dans la plus stricte inimité, dans un grand cercueil blanc aux impressionnantes mensurations et où fut déposé un exemplaire de sa peluche favorite, Winnie L’ourson. Finir sa carrière comme vibromasseur funèbre pour actrice décadente, c’est moche, même pour un mec qui méritait les flammes de l’enfer depuis ce jour où il attrapa Porcinet dans une clairière sordide de la Forêt des Rêves Bleus pendant que Tigrou et Bourriquet faisaient le guet, mais c’est une autre histoire.

Théorie Foireuse : Dieu est un chef de gare

Ca peut vous sembler étrange, et ça m’a moi-même étonnement surpris lorsque j’ai appris la nouvelle, mais il paraîtrait si l’on en croit le cousin de mon beau-frère qui le tenait lui-même d’un mec qui était tombé dessus d’un jour de grisaille habituelle sur un quai de Montceau-Les-Mines, ville charmante au demeurant si tant est que l’architecture post-industriel du XXe siècle attire toutes vos faveurs et que vous n’êtes pas sujet à divers types de pathologies allant de la claustrophobie profonde à la dépression chronique, mais il paraîtrait qu’en réalité, Dieu est un chef de gare dans le Pas-de-Calais.

Pourquoi le Pas-de-Calais ? Et pourquoi pas ? Là où il y a de la gêne, y’a pas de plaisir, et là où y’a pas de calais, y’a toujours un con pour vous demander pourquoi donc Dieu aurait eu l’idée saugrenue de s’installer dans un des pires endroits de la création. La réponse est évidente : Dieu se met à l’épreuve et tente de prouver depuis 2000 ans que la souffrance est un mal nécessaire pour apprécier le bonheur. C’est d’ailleurs exactement pour les mêmes raisons que Dieu a inventé les trains, dont il raffole fatalement aux vues de la quantité incalculable de supplices variés que lui offre sur un plateau-repas la SCNF pour lui permettre d’éprouver quotidiennement la foi des hommes sans trop se fatiguer. Soyons sérieux quelques instants : si Dieu existait vraiment, notre train ne serait pas toujours celui avec deux heures de retard, nous ne serions pas confrontés à toute une ribambelle joyeuse de pétasses empestant le patchouli et postillonnant leur ignorance crasse dans des téléphones portables suicidaires, à une foule de gnomes geignards tentant de battre le record du monde de traversées de wagon en hurlant à la mort, et à une tripotée de vieux débris, rescapés sourdingues d’un autre temps qui se sentent obligés de se faire la conversation en vrillant de leurs banalités syphilitiques les pauvres tympans de votre serviteur. Bref, si Dieu existait, nous ne serions pas obligés de supporter à chaque voyage cette multitude affligeante dont le nombre grossissant devrait permettre de remplir au moins deux ou trois trains direction Birkenau, dix minutes d’arrêt, tout le monde des cendres.

À moins que ce ne soit justement là une autre épreuve que tu nous envoies, Dieu, mon pote, dans ton infinie miséricorde qui n’a d’égal sur Terre que le talent de Yoann Gourcuff. Non merci. Ceux qui m’aiment prendront la voiture, et si ça ne vous dérange pas trop de pousser jusqu’à Montceau-Les-Mines, j’ai quelqu’un à visiter.