dimanche 4 octobre 2009

La véritable histoire vraie d’Irina Menkova (2)

C’était presque une autre vie, tant de choses s’étaient passé entre temps qu’elle en arrivait presque à douter n’avoir jamais mis les pieds à Moscou un jour. Cela faisait six ans maintenant qu’elle avait quitté les ruelles enneigées de la capitale moscovite pour les lumières de Paris, et jamais la petite fille qui pataugeait dans la Mer Noire n’aurait imaginé que sa vie prendrait un tel tournant.

Plus que tout, jamais elle n’oserait imaginer ce qui aurait pu se produire s’Il n’était pas entré dans sa vie comme un ange descendu des cieux, quelques semaines après la mort de ses parents dans cet étrange incendie dont elle avait été la seule rescapée. Irina Menkova avait senti le souffle rauque de la Mafia sur sa nuque, mais son chevalier blanc était arrivé sur son destrier de métal et Il l’avait sorti sans effort des griffes de la bête avant qu’elles ne se referment sur elle. Il lui avait plu au premier regard, Il était si beau et dégageait une telle sérénité, avec sa haute stature et ses muscles saillants sous son costume italien de belle facture, prêt à écraser comme des moucherons entre ses larges mains le premier qui oserait toucher à un de ses cheveux sans avoir été invité. Une main ferme se posa justement sur son épaule à cet instant précis, et Irina Menkova tressaillit. Elle reconnut immédiatement les innombrables bagues qui ornaient les doigts puissants, et les enferma dans sa propre main avant d’y déposer un baiser empli de respect. L’Homme la fit pivoter sur son siège de quelques degrés et plongea son regard inquisiteur dans les yeux de la jeune femme, désignant son ventre d’un mouvement du menton presque imperceptible. Irina Menkova baissa timidement les yeux et caressa distraitement sa robe plissée, tentant de dissimuler sous la cascade de ses longs cheveux les brûlures fugaces qui lui montaient aux joues. Avait-il bougé, était-ce un coup de pied qu’elle avait senti à l’instant ? Non, certainement pas, c’était tout bonnement improbable, il était bien trop tôt pour ça. C’était seulement son coeur qui battait à tout rompre dans sa poitrine, et le feu qui s’emparait de ses artères, et ses tempes qui tambourinaient sans discontinuer, et elle se leva brusquement. Elle avait besoin d’air, immédiatement, elle avait besoin de sentir l’odeur des embruns et de laisser le vent du large mettre ses cheveux en bataille. Sans un mot, elle se précipita vers la sortie, sans plus prêter attention à l’Homme qui la regardait s’éloigner sans un mot, un léger sourire flottant sur les lèvres. Il ne se vexerait pas. Il ne se vexait jamais. Il avait toujours été si gentil avec elle.

(à suivre)

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