dimanche 18 octobre 2009

La véritable histoire vraie d’Otis Marchepied (1)

Pour la soixante-troisième fois de la journée, Otis Marchepied entreprit de dévaler à une vitesse phénoménale pour son âge les dix-huit étages de la grande Tour de l’Elevation, qui trônait fièrement au centre de la Cité Impériale et abritait depuis près de douze ans maintenant les splendides bureaux de l’International Wargame Company, dont les étonnantes machines de guerre toutes plus étincelantes et sophistiquées les unes que les autres envahissaient le monde connu avec une régularité désarmante, au gré des nombreuses conquêtes que menait avec succès l’Empire aux confins de l’univers sans se soucier du sort peu enviable des milliers de personnes déracinées et obligées de fuir sans demander leur reste devant la puissance de feu ahurissante dont était capable de faire preuve les troupes surentraînées du général Lee, en grande partie grâce à la pugnacité et l’acharnement au travail de tous ses collègues qu’il croisait tous les jours avec la même expression de satisfaction du devoir accompli sur le visage, et qu’il tentait d’assister du mieux qu’il le pouvait, à son échelle, suant et transpirant,mouvant sa lourde carcasse avec toute l’agilité dont il était encore capable afin d’être toujours là lorsqu’on lui demandait d’être là, à disposition de tous, et ne surtout pas passer pour un de ces maudits tire-au-flanc dont il exécrait plus que tout la futilité et le manque de consistance, tandis que lui ne ménageait pas sa peine et ne comptait pas les heures toutes entières dévolues à la bonne marche de la compagnie, avec une abnégation et une conscience professionnelle dont il ne s’était jamais départi, malgré tout, malgré ces quelques moments de lassitude et de doute qui avaient pu logiquement s’immiscer en lui après ces onze années et neuf mois pendant lesquels il avait occupé sans jamais rechigner les mêmes fonctions au sein de cette magnifique entreprise qui ne connaissait pas la crise (il se rappelait avoir entendu cette chanson des centaines de fois quand il était plus jeune, sans jamais avoir réussi à saisir le nom de chanteur qui fredonnait cette joyeuse mélopée...

(à suivre)

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