dimanche 13 décembre 2009

Dictionnaire impromptu : Khomeini

Né en 1902 dans une famille chiite très croyante de Khomein, à 300 kilomètres de Téhéran, le petit Rouhollah Moussavi voit très jeune son père assassiné par les hommes de main du seigneur du coin. Vêtu de son turban noir indiquant qu’il est un descendant direct du prophète Mahomet en passant par l’imâm Musa al-Kazim (pour aller dans le centre de Téhéran, passez plutôt par les boulevards, y’a moins de bouchons), il s’installe en 1920 à Qom, deuxième ville sainte du pays.

Déjà rebelle, le petit Rouhollah suit des cours de philosophie (ce qui est contraire à la tradition coranique, sa mère le sait) et enfreint les règles en matière d’habillement. Ca ne l’empêche pas d’être nommé professeur de théologie en 1927 puis de devenir en 1950 ayatollah, un des grades religieux les plus élevés chez les Chiites, juste avant maître du monde. Il s’engage alors en politique et s’oppose au shah d’Iran, qui veut attribuer moins de pouvoir à la charia coranique et donner le droit de vote aux femmes, entre autres futilités baroques.

Les shahs, c’est tous des branleurs, se dit Khomeini 40 ans avant les Nuls. En 1963, l’ayatollah participe activement aux émeutes de juin et durcit sa position. Aie aie aie, dit l’ayatollette. Le shah sort ses griffes, le condamne à mort puis le fait gracier. Le shah est faible, Khomeini sourit et s’exile en Turquie puis en Irak, où son discours se radicalise progressivement. Mais très vite, les Irakiens ne fument plus de chiite, et en 1978 Khomeini doit partir en France avec un visa touriste. Il en profite pour aller voir la Tour Eiffel, puis rentre au pays en 1979 et prend le pouvoir à la faveur de la Révolution Iranienne. S’ensuivent comme de bien entendus quelques joyeuses régressions des Droits de l’Homme : tortures, meurtres, enlèvements et prise d’otage de 52 citoyens américains qui se finit par une opération commando catastrophique, mais Chuck Norris n’avait pas pu se libérer ce jour-là.

Peu de temps après, Sadam Hussein se dit qu’il n’y a pas assez de place dans le Golfe pour deux tyrans (d’où la fameuse blague « comment fait-on rentrer deux tyrans dans une Golf décapotable », réponse au 39800, 2 euros 30 la minute) et envahit l’Iran en 1980. La guerre Iran-Irak durera huit ans, avant que Khomeini n’accepte enfin le cessez-le-feu. Il aura pris le soin avant ça de faire exécuter les 3000 prisonniers politiques détenus à Téhéran. Avant de tomber malade, Khomeini a encore le temps de s’en prendre à l’écrivain Salman Rushdie et de lancer contre lui une fatwa, avec un w comme dans Wanfigueye, puis meurt le 3 juin 1989 des suites d’une hémorragie interne. Un million d’Iraniens suivront ses obsèques. L’ayatollah se retire, enfin, dit l’ayatolette.

Ah oui, j’oubliais... comment fait-on rentrer deux tyrans dans une Golf décapotable ? Réponse: la Belgique.

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