lundi 1 mars 2010

Théorie Foireuse : Dieu est un chef de gare

Ca peut vous sembler étrange, et ça m’a moi-même étonnement surpris lorsque j’ai appris la nouvelle, mais il paraîtrait si l’on en croit le cousin de mon beau-frère qui le tenait lui-même d’un mec qui était tombé dessus d’un jour de grisaille habituelle sur un quai de Montceau-Les-Mines, ville charmante au demeurant si tant est que l’architecture post-industriel du XXe siècle attire toutes vos faveurs et que vous n’êtes pas sujet à divers types de pathologies allant de la claustrophobie profonde à la dépression chronique, mais il paraîtrait qu’en réalité, Dieu est un chef de gare dans le Pas-de-Calais.

Pourquoi le Pas-de-Calais ? Et pourquoi pas ? Là où il y a de la gêne, y’a pas de plaisir, et là où y’a pas de calais, y’a toujours un con pour vous demander pourquoi donc Dieu aurait eu l’idée saugrenue de s’installer dans un des pires endroits de la création. La réponse est évidente : Dieu se met à l’épreuve et tente de prouver depuis 2000 ans que la souffrance est un mal nécessaire pour apprécier le bonheur. C’est d’ailleurs exactement pour les mêmes raisons que Dieu a inventé les trains, dont il raffole fatalement aux vues de la quantité incalculable de supplices variés que lui offre sur un plateau-repas la SCNF pour lui permettre d’éprouver quotidiennement la foi des hommes sans trop se fatiguer. Soyons sérieux quelques instants : si Dieu existait vraiment, notre train ne serait pas toujours celui avec deux heures de retard, nous ne serions pas confrontés à toute une ribambelle joyeuse de pétasses empestant le patchouli et postillonnant leur ignorance crasse dans des téléphones portables suicidaires, à une foule de gnomes geignards tentant de battre le record du monde de traversées de wagon en hurlant à la mort, et à une tripotée de vieux débris, rescapés sourdingues d’un autre temps qui se sentent obligés de se faire la conversation en vrillant de leurs banalités syphilitiques les pauvres tympans de votre serviteur. Bref, si Dieu existait, nous ne serions pas obligés de supporter à chaque voyage cette multitude affligeante dont le nombre grossissant devrait permettre de remplir au moins deux ou trois trains direction Birkenau, dix minutes d’arrêt, tout le monde des cendres.

À moins que ce ne soit justement là une autre épreuve que tu nous envoies, Dieu, mon pote, dans ton infinie miséricorde qui n’a d’égal sur Terre que le talent de Yoann Gourcuff. Non merci. Ceux qui m’aiment prendront la voiture, et si ça ne vous dérange pas trop de pousser jusqu’à Montceau-Les-Mines, j’ai quelqu’un à visiter.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire