samedi 9 avril 2011

Dictionnaire Impromptu : Saint-Nazaire

Situé sur l’estuaire de la Loire, à proximité de l’Océan, Saint-Nazaire, c’est un peu Nantes-Plage, comme Arcachon pourrait être Bordeaux-Plage ou comme Marseille pourrait-être Ouarzazate-Plage. Plus connue dans l’antiquité sous le nom de Corbilo, Saint-Nazaire était alors la plus grande ville gauloise du littoral, et le plus grand port gaulois après Massilia. Corbilo devint Saint-Nazaire au 6eme siècle lorsqu’un chef breton, Waroc’h II (vu aussi dans Highlander III et dans La Barbare N’a Pas de Culotte), se fracasse connement le crâne sur le linteau de la porte d’une église qu’il essaie de piller maladroitement. Saint-Nazaire fait alors partie du royaume breton puis du duché de Bretagne, mais ne prend véritablement son essor qu’au 19e siècle, lorsque le petit port de pêche se transforme en gros port industriel qui lui vaut le surnom de « petite Californie bretonne ». Arnold Schwarzenegger tente d’ailleurs de s’y faire élire gouverneur en 1892, mais c’est finalement les allemands qui donneront à la ville ses lettres de noblesses et ses moments de gloire en y créant une base de sous-marins en 1940.

Soumise à d’importants bombardements pendant quelques années, la ville est rasée à 80% et finalement évacuée en 1943, ce qui est tout de même la meilleure chose qui lui soit arrivée. On ne comprend même pas que 150.000 Nazariens n’ont pas su saisir leur chance de se barrer une bonne fois pour toute, et y soit revenu aussitôt les ricains arrivés en 1944 pour libérer ce qui restera dans l’histoire sous le nom de « poche de Saint-Nazaire ». Aujourd’hui encore, une petite dizaine de touristes américains en mal de sensations fortes viennent en vacance l’été pour tenter de libérer une dernière fois celles qui resteront malheureusement dans l’histoire sous le nom de « moches de Saint-Nazaire », une catégorie assez répandue dans la petite cité portuaire où la pêche au thon et à la morue ne connaîtra visiblement jamais de coup d’arrêt. Les seuls autres personnes à avoir visité Saint-Nazaire volontairement resteront donc à jamais notre ami Tintin (dans Les 7 Boules de Cristal), Jacques Tati (dans Les Vacances de Monsieur Hulot), Jean-Pierre Darroussin (dans Le Poulpe) et Oui-Oui (dans Oui-Oui S’emmerde à La Plage, fleuron de la littérature érotique française).

Et sinon, pour finir (on ne va pas y passer des heures), sachez que Saint-Nazaire est la ville de naissance de l’ethnologue Odette du Puigaudeau et du céramiste Gustave Tiffoche. Autant dire que personne n’est vraiment né dans ce bled (ou que personne ne veut l’avouer), mais ce n’est point étonnant, c’est très clairement plutôt une ville où il fait bon mourir. C’est d’ailleurs ce qu’on fait pendant la guerre plusieurs milliers de Nazariens en tentant de protéger les magnifiques installations allemandes avec leurs petits corps grassouillets de bourgeois nourris aux tickets de rationnements en rab’, trois tickets de pain pour une petite juive balancée, un ticket de vin pour un pédé, un tzigane, un communiste ou un garçon coiffeur en bonne santé. Pourquoi les garçons coiffeurs ? Et pourquoi pas ?

.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire