dimanche 17 mai 2009

La véritable histoire vraie d’Harry Lee Oswald (1)

- « Vous préférez que la première balle soit pour vous ou que je la bute d’abord ?
- C’est une vraie question ?
- Vous avez raison, simple rhétorique ».

L’homme sourit d’un air mauvais et soupira comme si cela ne l’enchantait pas tant que ça de faire son job. Il leva doucement son arme et abattit tranquillement la jeune femme agenouillée de deux balles dans la tête. Harry Lee Oswald ne broncha pas lorsque les deux flops rapprochés se répercutèrent avec force sur les murs défraîchis de l’immense entrepôt désaffecté où ils étaient retenus prisonniers depuis deux bonnes heures. Le corps flasque de la jeune journaliste s’effondra à ses pieds avec un bruit sourd, et Harry eut un petit mouvement de recul sur ses genoux pour éviter que la flaque de sang qui s’écoulait de son crâne ne vienne tâcher son costume en alpaga flambant neuf. Cette petite pute l’avait assez fait chier comme ça, il ne manquerait plus qu’il en soit de sa poche pour un pressing. S’il ne l’avait pas eu dans les pattes alors qu’il tentait d’échapper à ses poursuivants, il ne serait pas ligoté comme un con sur une chaise en métal dont les montants lui sciaient littéralement le dos. L’autre guignol pointait maintenant sur lui son automatique en le toisant d’un air goguenard, poussant négligemment du pied le cadavre encore fumant pour le faire rouler sur le côté. Il n’avait pas l’air si surpris de l’absence totale de réaction d’Harry lorsqu’il avait abattu la jeune fille et devait savoir depuis longtemps qu’il était un professionnel bien loin de pouvoir être impressionné par une manœuvre aussi grossière. Il devait donc aussi savoir qu’il ne serait pas si facile de le faire parler, et Harry le soupçonnait d’avoir buté la gonzesse qui l’accompagnait par pur sadisme. Il jeta un regard rapide à la chevelure blonde constellée de tâches de sang et se remémora avec un sourire aux lèvres l’odeur fugace du parfum bon marché dont elle aimait s’affubler à chacun de leurs rendez-vous. Il se pinça les lèvres. Ca l’embêtait tout de même qu’elle soit morte, maintenant. Il ne tenait pas tant que ça à elle et elle ne lui était pas d’une grande aide, mais ses statistiques allaient en souffrir et ça ne ferait pas du bien à son image de marque. Il soupira et adressa un rictus désabusé à l’homme qui lui faisait face. Rapidement, il évalua le poids de son adversaire et jaugea qu’il aurait certainement le dessus en cas de combat au corps à corps. Bien sûr, pour ça, il faudrait qu’il parvienne déjà à se libérer de ses liens, mais il avait déjà sérieusement entamé la corde en la frottant doucement contre les rebords tranchants de sa chaise. Quant aux deux rigolos qui montaient la garde à ses côtés, ils avaient l’air bien trop occupés à mater les seins blanchâtres qui s’échappaient abondamment du chemisier tâché de sang pour lui poser des difficultés.

La crosse du pistolet automatique le cueillit soudainement au menton et il faillit perdre l’équilibre de sa chaise, surpris par la virulence du coup. L’enfoiré savait ce qu’il faisait. Harry se demanda de quel bord il pouvait bien être. KGB ? Mossad ? Il avait cru déceler un accent prononcé des Balkans quand il lui avait adressé la parole la première fois, mais ça pouvait tout aussi bien être un leurre. En tout cas, c’était un professionnel, et il finirait très certainement par apprendre tout ce qu’il voulait savoir si seulement Harry avait la moindre idée de ce qu’il lui demandait. Il hésita une seconde, lécha goulûment le sang qui perlait de sa lèvre ouverte et se fendit d’un large sourire, comme si tout cela n’était qu’une vaste blague entre potes et que l’homme en pardessus marron allait le détacher d’un moment à l’autre avec une petite tape dans le dos. Le second coup le fit vaciller plus sérieusement, et il du rassembler toutes ses forces pour ne pas s’évanouir. Il cligna des yeux à plusieurs reprises pour chasser les petites lumières qui dansaient la sarabande dans son crâne endolori, s’humecta les lèvres à nouveau et, d’une voix qu’il espérait parfaitement assurée, complimenta son agresseur sur la qualité du tissu dont il s’était vêtu. Cela eut exactement l’effet escompté, l’autre parti d’un large fou rire et baissa sa garde une fraction de seconde, soit dix fois plus de temps qu’il n’était nécessaire à Harry Lee Oswald pour faire céder ses liens d’une poussée et se projeter tête la première dans le buffet de son adversaire, qui s’écroula en poussant un petit gémissement. Avant qu’il ne put se remettre debout, Harry lui brisa net la nuque entre son avant-bras et sa poitrine, et se saisit rapidement de l’arme tombée au sol. Une expression de désarroi profond se peignit un instant sur le visage du plus grand des deux gardes, et il battit l’air de manière extrêmement comique lorsqu’une balle vint le frapper entre les deux yeux et désintégra le seul neurone qui occupait l’espace libre entre ses oreilles. Ebahi, le deuxième larron regarda bouche bée son collègue s’effondrer au sol, lâcha bruyamment son AK47 et préféra fermer les yeux plutôt que de voir ce qui allait suivre. Sa dernière pensée fut qu’il se serait bien tapé la petite pute avant de la buter et de se prendre une balle dans l’abdomen.

(à suivre...)

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